La déclaration d’une jeune femme fière de son père homosexuel : « Il m’a permis de comprendre la magie de l’amour »

À 13 ans, Pénélope a appris que son père était gay. Un peu compliqué pour l’adolescente de comprendre, lorsque l’on est « façonnée par la société depuis des générations », explique t-elle, et que son papa avait eu pourtant trois enfants et une compagne, sa mère, pendant plusieurs années : « j’avais une idée déjà bien établie de ce que doit être une famille ». Mais la bulle va céder et aujourd’hui, Pénélope a décidé de témoigner pour montrer que grâce à son père elle a pu comprendre la magie de l’amour. « Je suis fière qu’il s’assume et « marche main dans la main avec son compagnon, sous les yeux du monde entier ».

Je pense que je me souviendrai toujours de l’instant où j’ai appris que mon père était « homo ». Quand il me l’a dit, je ne savais pas quoi lui répondre… alors je lui ai dit que tant qu’il serait heureux je le serai pour lui.
Et à 13 ans, c’est compliqué d’accepter que son papa soit homo… car j’avais une idée déjà bien établie de ce que doit être une famille.
Et du jour au lendemain tout a changé. Au départ, je dois admettre que j’ai regardé mon père d’un œil très différent. Je ne comprenais pas pourquoi, tout à coup, il aimait les hommes. Je pensais même que c’était impossible, et que papa allait se réveiller un matin et nous dire que c’était un cauchemar. Je pensais comme ces gens homophobes aujourd’hui, qui pensent qu’aimer une personne de même sexe est une maladie, un problème, une dégénérescence. Je pensais que mon père était dans l’erreur.
J’avais peur que mon père me laisse tomber pour son nouveau compagnon que je n’avais pas eu le choix d’accepter. (Trop gay pour moi)
Je me disais qu’il faisait une erreur parce qu’il est père de trois enfants. Mais NON!
Je peux vous assurer que je me suis trompée sur toute la ligne!
J’étais simplement dans une bulle, celle dans laquelle nous enveloppe la société depuis bien des générations avant nous. Dans cette bulle, on nous apprend que les hommes doivent aimer les femmes, et que les femmes doivent aimer les hommes. Que les labradors doivent s’accoupler avec des labradors. Que les filles aiment et doivent aimer le rose et jouer aux poupées. Que les garçons, eux, doivent aimer le bleu et jouer aux voitures de course. C’est dans cette bulle que nous sommes, et je me permets de l’appeler ainsi, puisque le jour où elle éclate, nous respirons enfin!

Aujourd’hui, dans la société, nous sommes classés, catégorisés, paramétrés: par notre ordre de revenu – riche, classe moyenne, pauvre;
par notre orientation sexuelle – hétérosexuels, homosexuels, bisexuels;
Par notre niveau culturel – intelligent, débrouillard, ou ignorant.
Quelle erreur nous faisons là!

« Qui détient le pouvoir de nous classer de la sorte, de nous étiqueter? Les grands de la République? Non. »

Nombreux sont les classements qui demeurent instables, car ils ne reposent sur aucune légitimité. Quoiqu’il en soit, ce qui doit subsister, c’est le respect que nous nous devons. Qu’une personne ait moins de culture qu’une autre est tout à fait respectable. Sa valeur n’est pas moindre. Qu’une famille ait des revenus supérieurs a ceux d’une autre n’est pas ce qui importe. Ces deux familles sont respectables. Et enfin, nous devons respecter l’amour des uns et celui des autres. L’amour est fait d’une palette de couleurs et de formes incroyablement diverse. Pour autant, il est universel.
Les homophobes trouvent dégoûtant que deux hommes fassent l’amour par les fesses? C’est anormal? Impensable? Contre nature? Deux hommes qui s’aiment devraient alors dissimuler leur amour, ne pas l’exposer à la vue de tous?
Bien entendu, la nature elle même n’avait pas prévu qu’il en soit ainsi. Mais qu’en est-il des sentiments que partagent deux êtres l’un pour l’autre? Ils sont contre nature, eux aussi? Et bien non. Issus de ce qui ne s’explique pas, ils ne se contrôlent pas, ne se maîtrisent pas. Mais ils existent et en ont le droit. Ne réalisez – vous donc pas combien il y a de la nature dans ces sentiments amoureux?
Mon père a aimé ma mère d’un amour vrai et sincère. Mais aujourd’hui, mon père aime son compagnon d’un amour inconditionnel et par dessus tout, naturel.
Alors que l’on soit femme ou que l’on soit homme, en quoi cela importe? Je vous l’assure, la chose la plus merveilleuse au monde est de voir deux personnes s’aimer.
Quand je regarde mon père et son compagnon, je sais, je sens que c’est vrai. Et je suis fière qu’ils assument leur amour, qu’ils marchent main dans la main, sous les yeux du monde entier.

« Je peux comprendre que certains n’aiment pas les homo (moi j’aime pas les cons), c’est votre droit, votre liberté de pensée. Mais relativisez. »

Les homosexuels ne vous feront aucun mal. Faites votre vie, ils font la leur. Pourquoi leur mode de vie vous importe t’il autant? Eux vous respectent, vous, hétérosexuels. Faites-en autant. (Bien entendu, il y a des exceptions, comme partout)

Je souhaite montrer que grâce à mon père j’ai pu comprendre la magie de l’amour. Ce n’est pas parce que nous sommes des femmes que nous devons aimer des hommes. Non!
Nous sommes libres d’aimer une femme, ou un homme, ou bien même les deux à la fois.
Personne ne peut juger le choix de nos relations, car nos sentiments, nos désirs nous sont propres. Ça ne se contrôle pas, les sentiments. A mes yeux, en 2016, nous devons accepter les personnes homosexuelles. Nous avons bien entendu le droit de ne pas être pour, il s’agit de notre liberté de penser. Mais acceptons l’inverse. Car avant d’être homosexuels, ce sont des êtres humains!
Et je m’aperçois que les gens homophobes de ces personnes là ont perdu leur humanité. Savoir que des ados et des adultes souffrent encore du regard des autres et savoir que d’autres encore se font agresser moralement et physiquement est une torture!
Nous acceptons toute culture en France car c’est un pays ouvert. Alors oui, les homosexuels ont leur place dans notre société. Dans notre pays. La France met en avant ses principes de « liberté, égalité, fraternité », mais ces derniers ne sont que rarement appliqués. Alors oui à la liberté d’être homosexuel. Oui à l’égalité des personnes hétérosexuelles et homosexuelles. Outre leur orientation amoureuse, ils sont comme vous et moi. Et les français qui les désignent comme étant des personnes « malades », faites-moi plaisir, allez vous – même vous faire soigner. Mais je crains que la maladie dont vous souffrez soit inguérissable.

Vive la France. Vive les homosexuels. Vive l’amour, de toute nature qu’il soit.

Je suis une jeune fille de 17 ans et enfant d’un père devenu homosexuel. Je pense que je me souviendrai toujours de l’…

Posté par Pénélope Ielli sur dimanche 14 février 2016

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Un témoignage qui va bouleverser son père :

« Cela pourrait paraître assez impudique que de publier ainsi une partie de notre vie », a t-il écrit, « mais c’est ton choix et je le respecte. Il est bouleversant pour le papa que je suis mais surtout il t’appartient de vouloir ainsi témoigner sur ce qui a été pour moi et pour vous tous un grand bouleversement. Alors je me dis aussi que cela peut être utile. Autour de nous de nombreuses personnes sont discriminées, exclues par leur propre famille à cause de leur genre ou de la nature de leur amour. Tu as raison, cela est inacceptable. L’égalité passe par la visibilité! Tu l’as compris je crois ma fille et pour cela et pour tout ce que tu es, je t’aime. »