Justice : Le sort des assassins d’Ihsane Jarfi bientôt scellé

Les quatre assassins présumés d’Ihsane Jarfi, un commerçant liégeois de 32 ans, ont comparu ce jeudi devant la cour d’assises de Liège dans le cadre de l’audience préliminaire destinée à planifier leur procès. Celui-ci débutera au fond le 24 novembre prochain et devrait se terminer juste avant le réveillon de Noël, a assuré le président Philippe Gorlée.

Mutlu Kizilaslan (29 ans), Jeremy Wintgens (30), Jonathan Lekeu (25) et Eric Parmentier (36) sont poursuivis pour des faits d’assassinat avec circonstance aggravante d’homophobie – il s’agit du premier homicide qualifié comme tel en Belgique.

De nombreuses autres préventions ont été retenues : ils doivent répondre de la séquestration du jeune homme, enfermé dans l’habitacle puis dans le coffre de la voiture dans laquelle il était monté, la nuit du 21 au 22 avril 2012, pour une raison inconnue. Ils sont également poursuivis pour l’avoir soumis, notamment en l’humiliant, en le déshabillant et en le frappant jusqu’à ce que mort s’en suive après 6 heures d’agonie, à la torture et à un traitement inhumain et dégradant. Enfin, la prévention de vol a été retenue puisque la victime a été dépouillée de tout ce qu’elle possédait, restant nue au fond des bois de Tinlot où son corps a été retrouvé une semaine plus tard.

C’est grâce à son GSM, dans lequel un proche de Mutlu Kizilaslan avait réinséré une carte SIM quelques jours après les faits, que les enquêteurs avaient pu remonter la piste jusqu’au quatuor. Tous sont en aveux, même si certains contestent l’intention homicide et/ou l’homophobie.

Le soir du drame, ces jeunes désœuvrés, qui ont tous un casier judiciaire pour des faits de violence sauf le cadet, avaient consommé de l’alcool et de la drogue avant de se rendre devant l’« Open bar », une boîte gay de la rue des Mineurs, où ils avaient embarqué leur victime.

Les deux Sérésiens, Wintgens et Lekeu, devront également répondre de l’enlèvement d’un déficient mental de 59 ans. Ils l’avaient fait monter dans leur voiture à Sclessin, le soir du 4 octobre 2011. Ils l’avaient frappé, dépouillé, puis abandonné en bord de route.

Pour l’instruction du procès, le président a prévu d’accorder une demi-journée à la lecture de l’acte d’accusation par l’avocate générale Marianne Lejeune, puis une demi-journée par accusé pour l’interrogatoire, « pour aller au fond des choses », a-t-il expliqué. Deux semaines seront ensuite réservées aux témoins : 133 personnes sont convoquées, dont une ancienne des assises, condamnée à 15 ans de prison en 2002 pour le meurtre d’une prostituée. Elle est la compagne du plus âgé des accusés.

Les deux semaines prévues pour les témoins « devraient permettre de couvrir les incidents d’audience », a prévu le président, qui se doute que de tels incidents sont prévisibles en raison du grand nombre de parties. Le compagnon de la victime, ses parents et ses frères et sœurs sont parmi les 17 parties civiles aux côtés du centre pour l’Egalité des chances et de l’ASBL Arc-en-ciel Wallonie.

LAURENCE WAUTERS
lesoir.be