Cameroun : l’influenseuse trans Shakiro et son amie condamnées à 5 ans de prison pour « tentative d’homosexualité »

Elles avaient été interpellées dans un restaurant, le 08 février dernier, après dénonciation du voisinage, « parce qu’elles n’étaient pas habillées comme tout le monde ». Shakiro et son amie Patricia ont été condamnées, ce mardi 11 mai, à cinq ans d’emprisonnement ferme et une amende de 200 000 FCFA chacune (soit un peu plus 300 euros), les peines maximales prévues par la loi.

Le Cameroun s’engage donc dans une fatwa contre les personnes LGBT+, violant effrontément les conventions internationales pourtant ratifiées par son gouvernement, s’estimant sans doute au-dessus des valeurs humaines : Non discrimination, présomption d’innocence, procès équitable… « Tous ces principes généraux du droit ont été balayés », s’est insurgée auprès de STOP homophobie, leur avocate, Me Alice Nkom.

« Les dossiers des deux accusées n’ont même pas été examinés. L’affaire a été jugée en vrac, hors débats. Il aura également fallu faire pression auprès du tribunal et assumer les frais pour que les deux victimes puissent assister à leur procès. C’est un véritable scandale », poursuit l’avocate. « Ces deux jeunes n’ont même pas 25 ans et écopent 5 ans de prison ? Pourquoi ? Désormais, on peut accuser n’importe qui d’homosexualité, pour une voix fluette, un look etc. Et vous trouverez des procureurs et juges qui vont vous condamner, sans même étudier les dossiers. »

Peut-être aussi pour détourner l’attention. Le Cameroun est en effet accusé d’avoir détourné près de 180 milliards de francs CFA (environ 330 millions de dollars US), alloués par le Fonds monétaire international (FMI) pour lutter contre le Covid-19. Aucune transparence sur les dépenses, dont n’auront pas non plus bénéficier la population. « Jeter les homos en pâture semble plus simple pour tromper la population qui se réjouit de ses condamnations pour homosexualité ». Mais la résistance s’organise.

STOP homophobie a engagé des partenariats avec plusieurs associations LGBT+ africaines, dont Adefho, fondée par Me Alice Nkom. Nous avons mis en place un appel au dons. Ils serviront majoritairement à défendre les personnes qui encourent ces condamnations pour homosexualité.