L’Éducation nationale renforce l’enseignement de la vie affective et sexuelle pour mieux accompagner les élèves dans leur construction personnelle et relationnelle. Publié au Bulletin officiel le 6 février, ce programme obligatoire, en place depuis 2001 mais peu appliqué, se structure autour des enjeux actuels. Il aborde l’orientation sexuelle, l’identité de genre et les discriminations associées, bien que certaines formulations aient été atténuées sous la pression de critiques conservatrices. Sa mise en œuvre effective reposera donc sur la formation des enseignants et la volonté des institutions de l’appliquer dans sa globalité.
Une éducation progressive
Dès la maternelle, les élèves sont sensibilisés à l’importance du respect de l’intimité et à la diversité des identités. En primaire, les stéréotypes de genre sont abordés et le consentement enseigné à travers des mises en situation concrètes. Si la question de la sexualité à proprement parler n’est pas encore traitée à ce stade, les notions de respect et d’égalité sont intégrées dans les discussions et activités.
Au collège, les thèmes deviennent plus approfondis : distinction entre sexe, genre et orientation sexuelle, sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles, présentation des différentes identités de genre et explication des droits des personnes LGBT+. Le programme du lycée traite plus en profondeur l’identité de genre, avec une reconnaissance des personnes intersexes et une remise en question des normes imposées par la société.
Toutefois, le retrait du terme « transphobie » dans la version finale du texte illustre les concessions faites aux opposants les plus virulents.
L’identité de genre : mieux comprendre pour mieux accompagner
L’une des avancées majeures de ce programme est donc la prise en compte explicite de la question transgenre. Souvent mal comprise, l’identité de genre diffère de l’orientation sexuelle : elle renvoie à la perception qu’une personne a d’elle-même en tant qu’homme, femme, non-binaire, indépendamment de son sexe assigné à la naissance.
Le programme vise à informer sur les parcours de transition, qu’ils soient sociaux, médicaux ou administratifs, ainsi qu’à lutter contre les violences et discriminations que peuvent subir les jeunes trans. Il met également l’accent sur le respect des prénoms d’usage et l’importance d’un environnement scolaire inclusif, notamment en facilitant l’accès aux sanitaires et vestiaires conformes à l’identité de genre des élèves.
Former les personnels pour un accueil bienveillant
Afin que ces enseignements soient efficaces et bien perçus par les élèves, une formation renforcée des professeurs et du personnel scolaire est indispensable. Elle doit permettre d’aborder avec justesse et sans maladresse ces sujets sensibles, tout en déconstruisant les préjugés qui peuvent persister.
L’éducation à la vie affective et sexuelle ne se limite pas à une question de transmission d’informations biologiques ou de prévention des risques. Elle constitue un levier fondamental pour construire une société plus inclusive, respectueuse des diversités et soucieuse du bien-être de chacun. Reste à voir comment ces enseignements seront appliqués sur le terrain, alors que leur mise en œuvre dépendra fortement de la formation des enseignants et de l’engagement des institutions à respecter l’intégralité du programme.