Genève:La lutte contre l’homophobie à tout petits pas

Déjà trois ans que le Département de l’Instruction publique genevois a annoncé faire de la lutte contre l’homophobie une priorité. Bilan provisoire: pas de révolution, mais quelques nouveautés attendues cette année.

C’était en 2009 aux premières Assises contre l’homophobie. Le conseiller d’Etat genevois chargé de l’instruction publique, Charles Beer, annonçait faire de la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou au genre une priorité dans les écoles du canton. Trois ans ont donc passé et les actions, il faut bien le dire, se font toujours attendre. La mesure phare des années qui se sont écoulées a été la nomination d’Elisabeth Thorens-Gaud au poste de déléguée aux questions d’homophobie et de diversité à 40%.

Dans un premier temps, cette nomination a crispé le tissus associatif, qui reproche à l’enseignante son manque de poigne et de compétence pour mener un projet d’une telle envergure. Aujourd’hui, la hache de guerre semble enterrée… «S’il y a eu quelques problèmes de collaboration c’est surtout à cause de la lenteur étatique» précise la coordinatrice des associations genevoises LGBT Delphine Roux. Quoiqu’il en soit, le plan d’action du Département est toujours aux abonnés absents.

Petit à petit
Contrairement au Canton de Vaud, à Genève, ce sont les conseillers sociaux dans les écoles qui sont les personnes de référence pour parler de ces thématiques. Elles font partie du «réseau d’alliés». Pour Michael Hausermann, en charge de ce projet, cela ne va pas sans poser quelques problèmes: «Les personnes qu’il faudrait sensibiliser en priorité sont les enseignants, car c’est à eux que s’adressent les jeunes LGBT en difficulté dans la majorité des cas.» Si l’on en croit Charles Beer «c’est déjà le cas. Simplement aujourd’hui, nous voulons vérifier les prestations, pas seulement affirmer que l’on peut parler d’homophobie avec tout le monde quand on veut. Ce que nous avons voulu à travers des dotations spécifiques, à travers des entrées spécifiques. C’est justement de vérifier que cette ouverture ait bien lieu.»

Pour Michael Hausermann, «Il y a des progrès mais reste que comme cela a été très bien démontré, il faut qu’il y ait un cadre légal très clair. On souhaite que Charles Beer, avant de lâcher son mandat, mette ce cadre en place». A ce dernier de répondre: «La lutte contre l’homophobie est un élément que nous retrouverons dans un texte qui est à ce jour en pleine rédaction, et qui est un toilettage de la Loi sur l’instruction publique. Le texte sera déposé au Grand Conseil avant de remettre mon mandat, d’ici à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine.» Reste que les associations attendent aussi une approche plus transversale de la part de l’Etat de Genève. «L’Office des droits humains du Département de la sécurité ne participe absolument pas à cette réflexion», note Michael Hausermann.

Pas à pas, Genève affirme donc au moins en partie vouloir se doter des moyens nécessaires pour lutter contre l’homophobie. Comme sur les bancs de l’école on lui donnera un «sur la bonne voie». Et pour s’assurer que les choses bougent, donnons-nous donc rendez-vous l’année prochaine histoire de vérifier tout ça.

source:http://360.ch/blog/magazine/2012/09/la-lutte-contre-lhomophobie-a-tout-petits-pas/