Les hommes homosexuels vivant en couple ont une probabilité deux fois plus grande d’être au chômage que les hétérosexuels, selon une étude de deux chercheurs français présentée jeudi à Paris.
Cette conclusion résulte d’une exploitation statistique de 14 enquêtes emploi de l’Insee entre 1996 et 2009 menée par Thierry Laurent et Ferhat Mihoubi, tous deux de l’Université d’Evry-Val d’Essonne et du Centre d’Etude des Politiques Economiques.
En tenant compte des éléments pouvant fausser la comparaison (âge, éducation etc.), la probabilité d’être au chômage est de 3,1% pour les homosexuels, deux fois plus élevée que pour les hétérosexuels (1,5%), soit un écart de 1,6 point. Par comparaison, pour les hommes nés en Afrique, l’écart de taux de chômage par rapport à un individu type n’est que de 1 point. Il est en revanche de 2,8 points pour les non diplômés.
Chez les gays âgés de moins de 40 ans, la probabilité de se retrouver sans emploi est encore plus élevée (+2,4 point).
Avant redressement des données, 8,9% des gays déclarent être au chômage contre 2,4% des hétérosexuels.
Autre fait notable, ils sont aussi en proportion plus nombreux à renoncer à travailler, ou à ne pas vouloir travailler, avec un écart de 1,8 pt avec une population hétérosexuelle comparable.
« L’entrée dans la vie active est plus difficile pour les travailleurs gays, que pour les autres. Ils passent plus de temps que leurs homologues hétérosexuels à se stabiliser dans l’emploi », soulignent les chercheurs en mettant en avant le plus fort taux de turnover observés chez les gays (13,4%) que chez les hétérosexuels (6,2%).
D’après « l’intuition » des chercheurs, c’est l’existence de pratiques discriminatoires qui rendrait la recherche du « bon emploi » plus difficile et longue pour les travailleurs gays.
Les chercheurs ont travaillé sur un échantillon de plus de 100.000 hommes en couple, hétéro ou homo et ont isolé les individus homosexuels (0,25% de l’ensemble des couples) en appliquant une série de filtres pour éliminer les cohabitations d’étudiants ou économiques.