En public, les marques d’affection homosexuelles sont encore extraordinairement rares en 2014

>> How Michael Sam Inspired the Great Facebook Kiss-In

Samedi dernier, en apprenant qu’il allait rejoindre l’équipe des St. Louis Rams, le joueur de football américain Michael Sam, ouvertement gay, a embrassé son petit ami en direct devant les caméras. Globalement, rien de neuf sous le soleil: à l’annonce d’un recrutement, les sportifs concernés embrassent leur partenaire, tout le temps – la petite différence ici, c’est que le partenaire de Sam est un homme.

Leur baiser a donc fait rapidement le tour du monde. Comme on pouvait le prévoir, le geste a suscité des réactions franchement écœurantes et écœurées. Mais certains commentateurs ont fait état d’une hostilité légèrement plus nuancée: un soutien en principe à Sam, mais un malaise en pratique face à sa sexualité.
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Une telle dichotomie suscite une question intéressante: est-il possible d’être favorable aux droits des homosexuels, tout en étant dégoûté par les homosexuels? A un niveau rationnel, être mal à l’aise face au baiser homo de Sam pourrait trahir une homophobie larvée, un deux poids deux mesures face aux marques d’affection en public, déconseillées uniquement aux couples gay.

Bon nombre de réactions au baiser de Sam précisent que n’importe quel baiser en public est dégoûtant, et que la sexualité de Sam n’a rien à voir là-dedans. Sauf que c’est tout bonnement faux. Nous sommes constamment inondés de baisers hétérosexuels; quand nous allumons la télé; quand nous allons à une rencontre sportive; quand nous sortons dans la rue. Les hétérosexuels ont le droit de s’embrasser à peu près n’importe où, à peu près n’importe quand, et le font sans la moindre hésitation – il n’y a que les plus puritains des réactionnaires pour s’en offusquer. Tel est l’un des privilèges majeurs de l’hétérosexualité.

Facile donc d’arguer que les homosexuels ont droit à la même tolérance quand ils manifestent leur affection en public, et de dire que toute personne pensant le contraire n’est qu’un homophobe sentencieux et borné. Mais la réalité n’est pas aussi simple.

Le mariage gay – comme l’a très bien dit l’an dernier Samuel Alito, juge à la Cour Suprême  – est encore plus récent que les téléphones portables; l’acceptation générale des droits des homosexuels l’est encore davantage et ne remonte, au mieux, qu’à 2010. Que des Américains acceptent aujourd’hui l’idée de droits égaux pour les homosexuels ne veut pas forcément dire qu’ils sont prêts à en accepter les conséquences logiques – par exemple que des individus homosexuels s’arrogent les mêmes droits et les mêmes privilèges que des individus hétérosexuels.

L’un de ces privilèges consiste à pouvoir embrasser votre partenaire en public sans craindre l’agression verbale ou physique. Soutenir les droits des homosexuels, c’est soutenir les homosexuels. Et vous ne pouvez pas soutenir les homosexuels si leurs baisers, une marque d’affection aussi basique qu’inoffensive, vous dégoûtent.

Pour autant, d’un point de vue émotif, je peux comprendre pourquoi, face à un baiser homo, le premier réflexe d’un hétéro autrement parfaitement bien intentionné peut tirer vers le malaise. En public, les marques d’affection homosexuelles sont encore extraordinairement rares en 2014, du fait d’une longue et écrasante histoire d’hostilité envers les gay. Embrasser son partenaire en public est vraiment loin d’être quelque chose d’anodin.

Même dans des séries télé ostensiblement gay-friendly, comme Modern Family, l’Amérique n’a qu’un aperçu tout riquiqui de l’affection homosexuelle. La boucle rétroactive est donc évidente: tant que les homos n’oseront pas s’embrasser en public, les hétéros seront mal à l’aise quand ils les verront s’embrasser; et tant que les hétéros seront mal à l’aise à voir des homos s’embrasser, les homos n’oseront pas le faire.

Il n’y a qu’une seule façon de sortir de l’impasse: il faut que les homos s’embrassent davantage. L’Amérique hétéro doit voir des marques d’affection homo, et les Américains LGBTQ sont les seuls à pouvoir les lui montrer. Les couples homo ne devraient pas rechigner à partager un baiser en public, qu’importe qu’ils se fassent regarder de travers ou déclenchent l’ire de Twitter.

Il y a encore dix ans, on disait aux homosexuels de cacher leur sexualité de peur qu’ils ne « l’imposent » à tout le monde. Aujourd’hui, on nous dit de ne pas s’embrasser en public – et la logique est toujours exactement la même. Il n’y a aucune raison d’accepter un argument aussi pathétiquement irrationnel et aussi manifestement pernicieux. Nous devrions tous remercier Michael Sam pour avoir suscité le débat avec son mémorable (et très innocent) petit bisou. Mais si nous voulons réellement rendre justice au legs d’ores et déjà admirable de Sam, il ne faut pas s’arrêter là: il faut suivre son exemple. Ce geste, nous nous le devons à nous-mêmes.

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By the time you read this, I will have changed my Facebook profile picture. And I hope you’ll do the same.

Why? Yesterday I appeared on CNN to talk about Michael Sam and “the kiss,” as it’s now come to be called — the expression of joy and love between Sam and his partner, Vito Cammisano, upon Sam’s learning that he’d been the first openly gay player drafted to the NFL, chosen by the St. Louis Rams.

I was joined by openly gay former NFL player Esera Tuaolo. Carol Costello, host of CNN Newsroom, and someone who’s done a terrific job of grilling anti-gay crusaders (and with whom I always enjoy chatting), wanted to know what Sam should talk about in his press conference with the Rams yesterday, and if he should discuss “the kiss.” I said that I think he should talk about football, which is what this is all about, just like all the other players picked who also kissed their sweethearts (of the opposite gender) upon getting the exciting news but who are not discussing their kisses and will be talking football. (Apparently Sam didn’t discuss “the kiss.”)

Costello wondered if “the kiss” would be a problem with the other players on the team. This reflected what we’ve seen in much of the media, some of it coming from much more hostile quarters. People just aren’t used to seeing two men or two women kissing, even with all the news coverage of gay marriage. Judging by some of the reactions to the Sam/Cammisano kiss, I’m not sure what they think gay men in relationships do. Play checkers? (Well, maybe sometimes.) We see straight people kissing all the time, all over television, in magazines, in films, on the Internet. A lot of people who consider themselves pro-gay probably are uneasy about seeing gays kissing, just like a lot of people who in the past said they supported interracial marriage were probably uneasy when they saw two straight people of different races kissing (and some still are). And in this case, it’s a gay black man and a gay white man kissing.

Mark Joseph Stern wrote a terrific piece on Slate about how all of this means one thing: Gay people need to be kissing more in public. There simply needs to be more queer smooching to desensitize the world.

So with that, I hereby launch the Great Facebook Kiss-In, urging everyone — whether gay, straight or bi — to change their profile pics to two women kissing or two men kissing. Maybe it’s you and your husband or wife, or your partner or sweetheart, or you and a friend. Maybe it’s your dad and your dad, or your mom and your mom. Maybe it’s two other people you just like a lot or think are hot. Your favorite celebrities, whatever. I’ve provided a couple of links to sites where you can choose free-usage photos of two men or two women (but there are many other places you can go), and I’ve provided a few photos below (free usage from WikiCommons) for you to choose from if you like, which you can download.

Just change your profile pic to a kissing same-sex couple, and urge others to do the same. And for that matter let’s do it on Twitter too (and tweet this post with the hashtag #kissin). One day in the future we will look back on all this ridiculousness and laugh. But that’s only going to happen if we do exactly this kind of thing a lot. So change those profile photos now.

Par Mark Joseph Stern
Traduit par Peggy Sastre
slate.fr