En faveur du mariage pour tous, le président philippin annonce la création d’une commission LGBT

Intervenant lors du 7e congrès de fin d’année de la communauté LGBT de Davao, sa ville d’origine, dont il est resté le maire pendant vingt-deux ans, le président Rodrigo Duterte s’est prononcé, ce dimanche 17 décembre, pour l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. Il a estimé que c’était dépassé d’avoir à « imposer une morale qui ne fonctionne plus », dans un tacle au clergé catholique, qu’il accuse également d’abus sexuels et d’hypocrisie.

Il ne voit donc aucune objection à cette légalisation, « la loi dit que le mariage est une union entre un homme et une femme mais je n’ai aucun problème à faire que cela soit avec un homme, avec une femme ou qui que ce soit qui ait la préférence d’un être humain », a-t-il assuré sous les applaudissements, en annonçant qu’il prévoyait aussi la création d’une commission dédiée.

Il a d’ailleurs lancé une invitation aux plus « honnêtes » et « travailleurs » à le rejoindre. « Tout ce qui vous fait plaisir, je vous le donnerai », a-t-il affirmé, sans arrêter toutefois de date pour ses réformes. Elles étaient déjà dans ses promesses de candidat, avant qu’il ne les récuse, « en raison de sa foi et du code civil ». Mais il est désormais en croisade contre l’église, qui dénonce son bilan en matière de droits de l’Homme.

Son porte-parole, Harry Roque, membre du congrès, s’est néanmoins félicité de cet « engagement de longue date en faveur de l’inclusion » : « Nous sommes tous des Philippins jouissant de nos droits, de notre liberté et de notre égalité devant la loi ».

Les Philippines sont en effet l’un des pays d’Asie les plus « LGBT friendly ». Et selon un sondage de 2014, 73% des habitants, fervents catholiques à 80%, pensent que l’homosexualité devrait être acceptée.

En août dernier pourtant, interpellé sur son système judiciaire – alors que les exécutions illégales se multiplient dans l’archipel et que des milliers d’autres condamnés croupissent en prison depuis son élection en 2016 et sa promesse d’éradiquer le trafic de drogue – M. Duterte, 72 ans, a rejeté toute idée de réforme, « les prisonniers étant des criminels », des « aberrations » qui auront développé une « homosexualité latente », a-t-il insisté sur Manila Times, « des gays, incapables d’établir une relation avec une femme, et qui préfèrent rester derrière les barreaux avec leurs amants ». L’année précédente, il avait qualifié à la télévision l’ambassadeur des Etats-Unis, Philip Goldberg, d’« homosexuel » et de « fils de pute ».

Nous espérons que son soutien au mariage pour tous ne soit pas simplement un nouvel « exercice pour amuser la galerie », a déclaré à l’AFP Naomi Fontanos, directrice de « Ganda Filipinas », groupe de défense des transgenres. Elle salue les propos du chef de l’Etat, mais l’exhorte à s’impliquer plus franchement derrière les droits humains et la justice sociale pour tous, communauté LGBTIQ comprise.

Il vient de faire limoger la Commission chargée d’enquêter sur ses dérives, en réduisant à 16 euros son budget alloué.

Valentine Monceau
stophomophobie.com