« Criminalisation » de l’homosexualité au Sénégal : Un projet de loi pour renforcer encore la législation

A l’instar « du Code pénal français qui bannit la polygamie » et parce que les homosexuels continuent « d’agresser la foi des croyants… en s’offrant en mauvais exemple à une jeunesse déjà suffisamment éprouvée dans ses pertes de repères… » un député, mandaté par une organisation islamique, Jamra, a déposé ce vendredi à l’Assemblée nationale une proposition de loi pour « renforcer les sanctions pénales contre les auteurs d’actes contre-nature ».

Amalgames assumés, selon Amadou Mbery Sylla, également président du Conseil régional d’une ville dans le nord-ouest du pays, l’article 319 (alinéa 3 du code pénal sénégalais), qui date de 1966 et pénalise « l’homosexualité, le lesbianisme… la zoophilie ou les infractions assimilées, serait dénaturé par trop d’interprétations tendancieuses. » Les délits exprimés n’y sont pas « nommément mentionnés » alors que le pays ne cesse d’être « secoué par trop de scandales à répétition, dont plus récemment une affaire de célébration de mariages entre personnes de même sexe ». Les chefs religieux ont donc « légitimement considéré qu’il n’y avait pas voix mieux indiquée pour se faire l’écho de la douleur » qu’ils ressentaient « au plus profond d’eux-mêmes ».

« D’autant que les adeptes de ces actes contre-nature ne semblent plus se fixer de frontière, ni s’encombrer de retenues, pour donner libre cours à leurs déviances (…) », qui s’avèrent porteuses de « pernicieux effets collatéraux, préjudiciables même à la Santé publique, » souligne également dans un communiqué, « le bureau exécutif » de Jamra, félicitant le « parlementaire » pour ses prises de positions « courageuses ».
L’organisme exhorte ainsi « tous les croyants du pays à exprimer leur soutien au vaillant député et l’accompagner de leurs prières, pour une réussite éclatante de cette noble initiative… protégeant davantage nos valeurs et notre jeunesse. »

Et c’est encore des êtres humains qui vont souffrir.

Rappelons que l’homosexualité est pourtant déjà passible au Sénégal de un à cinq ans de prison, accommodée d’une amende de 100.000 à 1,5 million de FCFA, soit environ 152 à 2.300 euros.

Valentine Monceau
stophomophobie.org