Christiane Taubira conteste la nature démocratique et républicaine du FN

Invitée sur RTL ce mercredi 11 mars, la garde des sceaux a rejoint Manuel Valls dans l’offensive qu’il mène depuis quelques jours contre le parti de Marine Le Pen à l’approche des élections départementales.

Et dans l’esprit de la ministre de la justice, il n’y a pas à tergiverser : le FN n’est pas compatible avec la République.

“Ils rompent le pacte républicain”

“Il ne suffit pas d’aller aux élections pour être un parti républicain, il faut accepter d’avoir les valeurs de la République”, tranche Christiane Taubira, interrogée sur les propos récents de Manuel Valls et la “peur” que lui inspirait la montée du parti d’extrême droite. “C’est une formule qui dit que compte tenu de la nature du FN à abuser des gens, sa nature profonde, qui se révèle constamment y compris dans les pratiques de ses élus, on les voit à l’oeuvre, avec des scandales à répétition, des politiques publiques qui dissocient et fragilisent”.

La garde des sceaux en veut pour preuve la gestion des villes gagnées par le Front national aux dernières municipales. “Lorsque que dans les municipalités tenues par le FN, on se rend compte qu’ils font des distinctions entre les associations par exemple qui interviennent auprès des publics les plus vulnérables et qu’ils leur suppriment les moyens financiers, ils rompent le pacte républicain”, explique-t-elle en faisant référence à la décision prise par Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont, qui avait confisqué le local alloué à la Ligue des Droits de l’Homme quelques jours après son élection.

“Je conteste aussi bien sa nature républicaine que sa nature démocratique”

Alors qu’elle fait continuellement l’objet d’attaques sur sa personne, Christiane Taubira préfère ne pas trop d’écho à ce type d’invectives. “C’est lamentable mais ça n’a pas d’importance”, assure-t-elle interrogée sur des nouveaux propos tenus à son encontre par une élue UMP de Juvisy. Cette première adjointe à la ville a en effet exprimé sur Facebook son souhait de voir la ministre de la justice “repartir là-bas” (à Cayenne ndlr), comme le révèle ce mercredi 11 mars Le Parisien.

“Ce n’est pas important car l’important n’est pas ma personne. Il faut avoir la décence de ne pas en parler, en particulier lorsqu’on a mené des combats rudes dans sa vie et qu’on a eu le temps de se forger une capacité à résister”, a-t-elle réagi pointant les “vieux démons” qui gagnent l’UMP dans la course menée contre le FN. Si elle souffre de toutes ces attaques, la garde des sceaux assure vouloir garder pour elle ses états d’âme. “Parfois mon fils aîné trouvait que je résistais à trop de situations, et je lui avais dit ‘mais quand je pleure, je pleure dans ma chambre'”, a-t-elle résumé.

Les propos de la candidate UMP de Juvisy ont par ailleurs été fermement condamnés par le Premier ministre mercredi matin :

Dans le cadre du projet de loi de réforme de l’accès au droit, Christiane Taubira a également fait savoir qu’elle introduirait dans le texte une disposition permettant de mener des actions de groupe pour les cas de racisme et d’antisémitisme. Le but est de favoriser l’action judiciaire et de permettre aux personnes victimes de discriminations de “trouver la force supplémentaire pour agir en justice”.

Par Romain Herreros