Au Maroc, une enseignante suspendue d’une école française après une plainte pour « apologie de l’homosexualité »

Une institutrice, en poste depuis 1994 à l’école primaire française Honoré-de-Balzac de Kénitra, au nord de Rabat, au Maroc, a été limogée, par l’Agence pour les établissements français à l’étranger, pour « manquement grave dans sa posture professionnelle et ses pratiques pédagogiques ». Elle fait l’objet d’une plainte pour « apologie de l’homosexualité », déposée fin février par deux parents d’élèves, rapportent RFI et Libération. La procédure judiciaire est pourtant en cours.

Elle aurait évoqué les « droits LGBT+ », lors d’une prise de parole sur les violations des droits humains dénoncées pendant la Coupe du monde au Qatar, et ses élèves auraient brièvement aperçu une image de deux hommes qui s’embrassent, alors qu’elle recherchait des informations sur internet à propos des « péchés » dans l’islam.

« L’administration de l’école a informé les familles des élèves de sa décision de renvoyer l’enseignante concernée de l’école et de mettre fin à ses fonctions, après que les responsables de l’établissement Balzac ont été convaincus de la gravité de l’affaire et de ses dangers et pour les élèves et pour la réputation de l’école elle-même, qui doit rester toujours un espace de sécurité de tolérance et de vivabilité », a annoncé l’avocat des parents, dans un communiqué diffusé à la presse.

Le ministère public près le tribunal de première instance de Kénitra a ouvert une enquête judiciaire sur « des faits d’apologie de comportements déviants de nature à porter atteinte aux symboles de l’islam et qui affectent les croyances religieuses des enfants les appelant à accepter les conceptions homosexuelles et à diffuser les perceptions faisant l’éloge des relations homosexuelles ».

Dans un pays où l’homosexualité est punie jusqu’à trois ans d’emprisonnement (article 489 du code pénal), l’accusation est grave, la « propagande LGBT » étant en effet considérée comme une atteinte à la religion, plus sévèrement condamnée, avec des peines allant de trois à cinq ans de prison.

L’enseignante est néanmoins soutenue par la majorité des autres parents d’élèves, et une foule d’anciens élèves et de parents qui demandent sa réintégration.