Agression homophobe en plein centre de Bruxelles : « Ils ont essayé de nous tuer » mais aucune trace des auteurs

Un quinzaine d’individus, des adolescents majoritairement, certains visages cachés, ont agressé, ce dimanche 20 mai, au lendemain de la « Belgian Pride », un petit groupe d’amis qui se promenaient, en plein centre de Bruxelles, après les avoir coursés en les qualifiant de « pédés, pédés ! » Ils ont été roués de coups. Les trois ont déposé plainte.

La police a confirmé une intervention pour « crime de haine ». Une journaliste, témoin de la scène, rue d’Anderlecht, en a décrit toute la violence, soulignant ce « sentiment de puissance et d’impunité » qu’affichaient les assaillants. Ils sont restés là, une dizaine de minutes, à quelques mètres, narguant les passants qui s’étaient interposés. Elle déplore aussi cette impression de zones de non droit pour les LGBT dans la capitale, un des agents ayant interpellé l’une des victimes en lui demandant « ce que son groupe faisait dans ce quartier ? »

Le 15 avril dernier, un couple d’hommes, qui se tenait par la main, a aussi été attaqué par des adolescents, « en plein cœur du piétonnier ». Unia, centre interfédéral de lutte contre la discrimination, confirme : 30% des agressions se déroulent « en société ».

« C’est une vraie singularité par rapport aux autres critères protégés. Cela démontre une forme d’intolérance et d’hostilité émotionnelle, un rejet quasi instinctif qui se traduit dans l’espace public, et parfois de manière très violente », s’inquiète Patrick Charlier, directeur de l’institution, qui a publié cette semaine ses chiffres.

84 dossiers traités en 2017 pour des violences en raison de l’orientation sexuelle. « Sans doute la pointe de l’iceberg. Bon nombre de personnes refusant encore de porter plainte ou même de nous contacter, vu le contexte sociétal ou familial relatif à l’homosexualité. »

Un premier Refuge à Bruxelles, pour jeunes LGBT+, sur le modèle de l’association française du même nom, devrait d’ailleurs accueillir, dès le mois de juillet prochain, quatre pensionnaires, expulsés de leur foyer familial. L’objectif est qu’une dizaine de places soient disponibles à la fin 2018, a commenté un porte-parole, Dimitri Verdonck, en marge de cette 23ème édition de la Pride Belge. Près de 100.000 personnes y ont participée, ce samedi 19, pour clôturer le festival, appelant les administrations locales à s’impliquer. « Les élections communales auront bientôt lieu. Il faut voir ce qui peut encore être fait au niveau local », a commenté dans la presse, Elio De Bolle, coordinateur de la Marche.

Joëlle Berthout
stophomophobie.com