La lente évolution des droits LGBT depuis les émeutes de Stonewall

Le 17 avril 1965, un groupe de 10 personnes manifestait pour la première fois devant la Maison Blanche, pour attirer l’attention sur la discrimination du gouvernement fédéral à l’égard des homosexuels. Des milliers perdaient déjà leur emploi au motif qu’ils représentaient un risque pour la sécurité.
Cinq ans plus tard, naissait la première « Gay Pride », suite à six jours d’affrontements, déclenchés par une descente de police au Stonewall Inn, un bar de Greenwich Village, principalement fréquenté par des LGBT.
Une routine pour les agents de l’époque, qui
ciblent depuis des années la faune de « déviants sexuels », notamment dans cet établissement, considéré miteux et tenu par la mafia, tout en récoltant les profits de leur perquisition. Mais ce soir là, les clients vont résister et initier le mouvement LGBT aux États-Unis et dans le monde, qui conduira à des avancées majeures.

Les récits différents, mais le 30 juin 1969, le New York Times évoque « une émeute » de quelques 400 jeunes, avec 13 arrestations et 4 policiers blessés. Un an plus tard, le 28 juin 1970, des milliers de personnes défileront devant le Stonewall, pour protester contre des lois et un climat homophobes. Des manifestations qui se multiplierons ensuite dans toutes les villes des Etats-Unis, puis dans le monde entier.

En France, la première marche dédiée et indépendante se tiendra le 25 juin 1977 à Paris. Et en 1982, le Parlement met fin à la discrimination fixant la majorité sexuelle à quinze ans pour les hétérosexuels contre vingt-et-un ans pour les homosexuels. Le « crime de sodomie » avait déjà été aboli en France depuis 1791.

En 1990, c’est l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui raye enfin l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Mais les rapports homosexuels restent illégaux dans encore au moins 70 pays.

Avant les émeutes de Stonewall, l’Illinois était le seul Etat américain à avoir dépénalisé les relations homosexuelles entre adultes consentants. D’autres rallieront la mesure dans les années 1970 et 1980, jusque la décision en 2003 de la Cour suprême, estimant que les relations homosexuelles ne peuvent être sanctionnées, ce qui était encore le cas dans une douzaine d’Etats, notamment au Texas. Dix ans plus tard, elle accordera une victoire majeure aux couples de même sexe, en invalidant une loi fédérale qui définissait le mariage comme l’union entre un homme et une femme.
La haute juridiction a ainsi permis aux homosexuels légalement mariés – ce qui est alors possible dans treize Etats – d’obtenir les mêmes droits que les couples hétérosexuels au niveau fédéral, en matière fiscale, d’aides publiques ou pour l’octroi d’une carte verte, un permis de résident permanent. Et, le 26 juin 2015, elle inscrit dans la Constitution que les cinquante Etats américains doivent reconnaître et autoriser le mariage gay. Il est alors interdit dans treize d’entre eux.

– Dans l’armée

Le 20 septembre 2011, l’armée américaine a mis fin à l’interdiction pour les personnes ouvertement LGBT de servir dans ses rangs. Environ 14.000 militaires avaient été expulsés, depuis l’adoption de la loi controversée de 1993, dite « Don’t Ask, Don’t Tell » (“Ne demandez pas, n’en parlez pas”), qui autorisait les homosexuels à servir dans l’armée s’ils gardaient leur orientation sexuelle secrète.

Une trentaine de pays dont le Royaume-Uni, le Canada et Israël les acceptaient déjà.

Le président Barack Obama a également ouvert l’armée aux recrues transgenres à compter du 1er juillet 2017. Mais son successeur Donald Trump est revenu sur cette décision. Depuis avril 2019, les personnes transgenres ne peuvent s’engager que si elles acceptent de ne pas changer de sexe.

– Mariage égalitaire

En 2001, les Pays-Bas devenaient le premier pays à légaliser le mariage pour tou-te-s, aujourd’hui autorisé dans une trentaine de pays. Le Canada l’a ouvert dès juin 2005 et l’Afrique du Sud l’année suivante.

En Amérique latine, l’Argentine l’autorise depuis juillet 2010, l’Uruguay, le Brésil, depuis 2013, et la Colombie depuis 2016. L’année dernière, suivant une décision rendue par la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (IDH), émanant de l’Organisation des Etats américains (OEA), la Cour suprême du Costa Rica a ordonné une légalisation, d’ici mai 2020. Et ce mercredi 12 juin 2019, c’est la Cour constitutionnelle d’Equateur (CEE) qui a annoncé ouvrir le mariage à tous les couples.

Au Moyen-Orient, très répressif, Israël constitue une timide exception. Sans être illégal, le mariage gay est impossible, faute d’institution habilitée à le prononcer. Mais il est reconnu lorsque contracté à l’étranger.

– Discriminations au travail

En avril, la Cour suprême des Etats-Unis s’est saisie du dossier ultra-sensible des discriminations au travail contre les homosexuels et les personnes transgenres. Sa décision est attendue en 2020. Plus de la moitié des Etats américains n’interdisent pas en effet les discriminations liées à l’orientation sexuelle dans des domaines comme l’emploi, le logement ou les services publics.

Avec l’AFP