Rapport 2025 d’Ilga-Europe : un recul préoccupant des droits LGBT+

L’ONG Ilga-Europe tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Dans son rapport annuel Rainbow Map & Index, publié ce mercredi 14 mai, l’organisation dresse un état des lieux préoccupant des droits des personnes LGBT+ à travers 49 pays européens. Si certains États maintiennent leurs engagements, d’autres basculent vers des politiques de plus en plus restrictives, sur fond de crispations idéologiques et de montée des conservatismes.

Malte toujours en tête, la France recule

Sans surprise, Malte conserve la première place du classement pour la dixième année consécutive, suivie par la Belgique et l’Islande. En revanche, la France glisse à la 15e position, avec deux places par rapport à 2024 pour absence de progrès législatifs marquants, notamment sur la reconnaissance légale du genre ou la protection des personnes intersexes.

Dans ses recommandations, Ilga-Europe exhorte Paris à instaurer un véritable mécanisme d’autodétermination pour les personnes trans, à interdire les interventions médicales non consenties sur les mineurs intersexes et à garantir l’indépendance de la société civile, notamment en évitant que l’accès aux subventions publiques ne soit conditionné à une neutralité politique.

L’Est de l’Europe et le Royaume-Uni sous surveillance

En Hongrie, les libertés publiques connaissent une nouvelle entaille : une loi adoptée en mars interdit désormais les marches des fiertés. Cette mesure, inédite au sein de l’Union européenne, s’accompagne d’une surveillance renforcée des participants, permise par la reconnaissance faciale. Le pays plonge ainsi de la 30e à la 37e place du classement.

Au Royaume-Uni, la tendance est tout aussi préoccupante. Le climat transphobe, nourri par les débats institutionnels, s’est aggravé depuis une décision de la Cour suprême qui ne reconnaît plus les femmes trans comme femmes au sens légal. Conséquence : une chute de six places, le pays se retrouvant désormais 22e.

La Géorgie, de son côté, a adopté en octobre 2024 une loi assimilant toute représentation publique des personnes LGBT+ à de la « propagande », interdisant les changements de genre dans les documents officiels et les soins d’affirmation de genre. Une dérive autoritaire qui illustre, selon Ilga-Europe, la banalisation croissante de mesures liberticides.

Des signaux politiques inquiétants

« Les attaques ciblées risquent de devenir la norme plutôt que l’exception », prévient Katrin Hugendubel, directrice d’Ilga-Europe. Elle pointe une érosion des droits humains sous prétexte de préserver l’ordre public, une rhétorique adoptée par plusieurs gouvernements pour justifier des reculs inquiétants.

L’organisation s’inquiète aussi de l’influence grandissante de l’extrême droite dans des pays comme l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique ou les Pays-Bas, où les dernières élections ont vu ces forces gagner du terrain. Une dynamique qui menace, selon elle, les avancées obtenues de longue lutte par les communautés LGBT+.

Des progrès trop rares

Sur l’ensemble du continent, les progrès restent limités. Seule l’Allemagne est saluée pour avoir réformé ses procédures de reconnaissance de genre, tandis que l’Autriche est le seul pays à avoir élargi ses lois antidiscrimination en 2024.

Ilga-Europe appelle les États à ne pas relâcher leurs efforts. L’organisation insiste sur la nécessité d’agir rapidement pour garantir des droits égaux à toutes et tous, et prévenir une banalisation des atteintes aux libertés.

« Il ne suffit plus de défendre l’existant, il faut avancer, sans quoi les reculs que nous constatons risquent de s’installer durablement », conclut l’ONG.