« Fofolle ou M. tout le monde », comment reconnaître un homo ? Les conseils d’un médecin qui ne se prend pas pour un pigeon !

« Je viens de frôler une erreur médicale. En tant que remplaçant, j’ai eu un patient qui venait pour ce qui semblait être une fissure anale. Tous les symptômes y étaient. Du coup je l’envoie chez le gastro-entérologue qui programme une opération.
Le truc, c’est que le patient est homosexuel.
Pas un homo de type “fofolle” avec des manières surjouées, plutôt un monsieur tout le monde, du coup je n’ai rien vu (et ce n’était pas marqué dans le dossier) donc je n’ai pas cherché plus loin… »

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Ce sont les propos extraits du « témoignage » d’un médecin généraliste, publié le 26 décembre dernier sur un forum ouvert à tous sur facebook. Il y relate avec détails une consultation pour ce qu’il avait d’abord diagnostiqué comme une lésion de la paroi du canal anal donc, mais qui s’est avérée être une infection sexuellement transmissible, que le praticien a finalement traité à « coup de doxy ».

Une « introspection » au champ lexical douteux et d’ailleurs dénoncé par ses confrères pour les « clichés véhiculés ». Mais le praticien déplore que l’on « déforme le sens des mots pour chercher de l’homophobie partout ».

« Le terme ‘fofolle’ était sans doute choquant mais il est évocateur », assure-t-il. « Je ne vais pas rentrer dans le détail génétique et neurologique mais je suis sûr que vous voyez ce que je veux dire quand je parle d’un homme qui ‘surjoue’ des comportements féminins : façon de parler avec intonations vers le haut, expressions faciales exagérées, main à 90° en marchant (posture de la théière que l’on décrit en théâtre), marche avec les pieds sur une ligne en balançant les hanches, etc. »

Il ne juge pas, « homo ou hétéro, il soigne, c’est son boulot », mais « si la culture populaire se moque de ces comportements (caricatures habituelles des gays), c’est justement parce qu’il se différencie du reste de la population », insiste-t-il.

Gratiné !

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Devant la polémique, il a néanmoins évoqué un propos maladroit, mais « pas de quoi en faire une montagne ». « Je suis surpris de la façon dont certains peuvent s’emporter sur ce genre de sujets sensibles », ajoute-t-il, exhortant les internautes à prendre du recul.

Pourtant, en creusant sur internet avec les références du soignant, on retrouve une multitude de ses échanges concernant l’homosexualité, qu’il considère explicitement comme une « déviance », telle la scatologie ou le sado-masochisme, si « acquise psychologiquement », ou une « pathologie occasionnant un désordre de perception du sexe opposé », lorsque d’origine génétique.

Confronté à ses collègues, il ne peut trancher la question, mais ajoute que l’homosexualité est « une relation sans tendresse et sans complicité perturbe notre vision de l’amour, la réduit à un acte dégradant, et crée une blessure qui incite à rejeter la différence et la complémentarité des sexes », citant en référence les paroles de Philippe Ariño, autre militant catholique français et caution gay « désilluminée » de la Manif pour tous, à laquelle il a d’ailleurs participé. Il s’oppose bien évidemment au mariage et à l’adoption pour tous : une loi injustice qui suscite le type de fractures familiales dont « j’ai souffert, à cause d’une sinistre bande de crétins ignorants et stupides, complètement déconnectés des réalités, arrivés au gouvernement suite à un malentendu… »

S’il en fallait davantage ?

Rappelons que ça commence par des mots et ça finit par des crachats puis de la violence. Alors de la part d’un professionnel de la santé, c’est effectivement une entorse au code de Déontologie Médicale.

Comment faire confiance ensuite à son médecin?

Sa réponse ? Un nouveau post tout aussi consternant :

« Les sujets comme l’homosexualité génèrent d’importantes réactions à l’affect, ils sont donc très utilisés pour faire de la manipulation, amplifier des émotions et créer des mouvements d’opinion qui peuvent être récupérés par des médias et politiciens peu scrupuleux. C’est un piège qu’il faut savoir éviter », explique-t-il, soulignant que son groupe sur Facebook avait fait l’objet de pression, « souvent de la part de gens très mal dans leur peau. Mais surtout de la part de gens qui se posent en juge, juré et bourreau, qui pensent avoir le droit de décider ce qui est de l’homophobie ou non (avec une définition totalement variable) et de condamner comme ils le veulent. Des gens qui pensent avoir le droit de censurer tout ce qui les dérange, sur Internet comme ailleurs.

On est véritablement dans le “fascisme” au sens propre du terme, avec toujours la même clef de voute du fascisme : la censure.

Au-delà de tout ça, je suis triste de constater la publicité déplorable que ces militants fascistes font à la communauté homosexuelle en bloquant systématiquement tout débat.
Empêcher tout débat sur l’homosexualité ne fera qu’augmenter l’homophobie.

La censure mène à l’ignorance, l’ignorance à l’incompréhension, l’incompréhension à la peur, la peur au mépris, le mépris à la haine (et la haine permet la manipulation).

Je pense que nous sommes face à quelques personnes qui se détestent profondément elles-mêmes et qui se défoulent sur tout ce qu’elles trouvent pour fuir leur propre mal-être et éviter d’affronter leur propre douleur.
Le tout en faisant beaucoup trop de bruit, car le bruit, c’est le gagne-pain des grattes-papier médiocres.

Paradoxalement, ce sont ces “combattants de l’homophobie” qui sont les plus homophobes sans le savoir. Car ils refusent d’accepter qu’il puisse exister la moindre différence entre un homo et un hétéro, pour eux chacun doit être logé à la même enseigne.

C’est un peu comme le féminisme actuel (3ème génération) qui n’est finalement que du machisme (homme et femme ne sont plus complémentaires, ils doivent être égaux, donc la femme doit endosser les problèmes de l’homme en plus… Ce qui devient lourd à porter).

Ces paradoxes conduisent certains à ne pas s’accepter eux-mêmes, à refuser de réfléchir ou de rire sur eux-mêmes, ça doit leur tordre les tripes en permanence.

Bref, 3000 ans plus tard, on nous refait l’erreur du mythe de Procuste. Encore.

Je suis triste de constater le faible niveau de connaissances et de réflexion de certains, sur la façon dont fonctionne le monde aussi bien qu’eux-mêmes.

J’ai le sentiment d’une société ignorante et paumée dans laquelle on a oublié le sens des mots, où certains se noient dans une soupe d’émotions qu’ils ne savent plus gérer, puis attendent finalement l’appui des autres comme si c’était un dû.

Je suis atterré de constater qu’au lieu d’avoir une analyse critique, au lieu d’aider la population à s’y retrouver, les “journalistes” ne font que s’associer à cette chorale de cris d’orfraie, et prennent part à cette “police de la pensée” pour pondre quelques articles.

Je comprends maintenant que le journalisme français soit aussi mal considéré dans le monde, qu’il ne fasse que perdre de l’argent, et qu’il ne puisse plus survivre sans les aides de l’État (sans lesquelles de nombreux médias tomberaient dans une faillite bien méritée).

Je suis assez étonné de constater à quel point il existe une “police de la pensée” en France en 2016, dans un pays censé être démocratique, mais qui l’est de moins en moins.

Et je comprends d’autant plus l’utilité d’Internet et surtout celle de son anonymat (qui n’existe malheureusement pas sur Facebook) pour briser cette inculture, outrepasser les différences, aborder les sujets qui choquent et pousser les gens à réfléchir afin de se découvrir eux-mêmes », conclut-il.

Joëlle Berthout
stophomophobie.com