Luxembourg/Adoption: l’Église catholique se prononce contre la discrimination des homosexuels et pour l’intérêt de l’enfant

“Il revient à l’État de tenir compte des évolutions sociales dans la législation.”

À moins d’une semaine de la date provisoirement fixée pour le vote de la loi sur le mariage à la Chambre des députés, l’Église catholique a publié, vendredi, sa prise de position à l’égard de cette réforme. Alors qu’elle ne se prononce pas clairement pour ou contre la réforme, l’Église met en avant l’intérêt de l’enfant.

Alors que la pétition publique de l’initiative Schutz fir d’Kand, qui demande l’abandon des projets de loi sur le mariage homosexuel, l’adoption et la procréation médicalement assistée (PMA), avait atteint, vendredi, en fin d’après-midi, un peu plus de 2 700 signatures, l’Église catholique a fait part, ce même jour, de sa position à l’égard de la réforme de la loi sur le mariage.

Le projet de réforme de la loi sur le mariage prévoit que les couples homosexuels pourront se marier et avoir tous les droits et devoirs liés au mariage, dont l’adoption. Le 5 juin, dans le cadre d’une lettre ouverte, le député Fernand Kartheiser (ADR) avait écrit à l’archevêque de Luxembourg, Jean-Claude Hollerich, pour lui demander de prendre clairement position, au nom de l’Église catholique au Luxembourg, sur les projets de loi actuellement en cours de discussion et portant sur le mariage homosexuel et le droit à l’adoption pour des couples homosexuels.

Dans son communiqué publié vendredi, l’Église catholique se prononce contre la discrimination des homosexuels et pour l’intérêt supérieur de l’enfant. «La recherche d’une réponse à la question s’il devrait être permis à des personnes homosexuelles seules ou à des couples homosexuels d’adopter des enfants, doit être guidée par la protection du bien supérieur de l’enfant; il n’existe pas de droit à l’enfant dans ce sens», explique-t-elle.

Demandes d’adoption : répondre au cas par cas

Le mariage, quant à lui, devrait garder sa position institutionnelle particulière d’union entre un homme et une femme. Tout en étant «convaincue que les enfants devraient par principe pouvoir se développer dans la relation à leurs père et mère», l’Église dit ne pas remettre en question les capacités des homosexuels à éduquer des enfants.

Enfin, l’Église estime que «l’adoption plénière devrait être réservée aux conjoints mariés et que le rapport social de l’enfant avec ses parents biologiques, père et mère, devrait être maintenu chaque fois que cela s’avère possible.»

Mais en tout cas, il faudrait «répondre aux demandes d’adoption au cas par cas en tenant compte de l’intérêt supérieur de l’enfant», poursuit l’Église.

Reste à savoir si la prise de position de l’Église aura de quoi satisfaire le député Fernand Kartheiser (ADR) qui, dans la lettre qu’il avait adressée à l’archevêque de Luxembourg, avait demandé à l’Église catholique au Luxembourg une position claire.

Pétition : la Chambre refuse

L’initiative Schutz fir d’Kand, qui milite contre le droit à l’adoption au bénéfice des couples homosexuels mariés, avait demandé, jeudi, un délai supplémentaire de 15 jours pour la signature de sa pétition publique. Demande que le président de la Chambre des députés, Mars Di Bartolomeo, a refusée, vendredi, en accord avec les membres de la Conférence des présidents. Dans ce contexte, il a rappelé que «la période de signature est de 42 jours, ce délai étant uniformément applicable à toutes les pétitions publiques, sans exception».

Un rejet que l’initiative Schutz fir d’Kand a accompagné d’un commentaire : elle s’est plaint «d’agissements juridiques et politiques inacceptables de la Chambre ayant impacté négativement la collecte des signatures».

La fin de la période de signature de la pétition publique reste donc fixée à samedi minuit. Le seuil de 4 500 signatures doit être atteint pour ouvrir un débat. Vendredi soir, 2 760 signatures étaient enregistrées.

Si la pétition ne passe pas la barre des 4 500 signatures, le projet de loi sur le mariage homo devrait être mis aux votes, mercredi, à la Chambre des députés.

Fabienne Armborst