Washington : Sermon historique de Cameron Partridge, prêtre transgenre, dans la cathédrale nationale

Né femme, aujourd’hui homme, Cameron Partridge a été le premier prêtre transgenre épiscopalien – équivalent américain des anglicans – à prononcer un sermon, le 22 juin dernier, dans la cathédrale nationale de Washington. Aumônier à l’université de Boston, ce révérend de 40 ans s’exprimait dans le cadre du « mois des fiertés » (Pride Month) lesbiennes, gays, bis et trans (LGBT) organisé par l’église. Dans son sermon, le prélat a déclaré que les personnes homosexuelles et transgenres pouvaient parfois « être si consumées par le désespoir et le harcèlement qu’elles échouaient à voir l’amour du Christ » avant d’être rejoint à la chaire par le révérend Gene Robinson, le premier évêque épiscopalien ouvertement homosexuel.

Le doyen de la cathédrale, le révérend Gary Hall a déclaré quant à lui espérer que l’apparence du pasteur Cartridge allait « envoyer un message symbolique pour plus d’égalité en faveur de la communauté transgenre ». « Beaucoup de gens au sein de la communauté LGBT, en particulier dans la communauté trans, se sont retrouvés à un moment ou à un autre dans des situations d’intense oppression, d’isolement ou de désespoir », a-t-il déclaré, selon le Washington Times. Le révérend Cameron Partridge s’est d’abord appelé Katherine. Pendant ses études au Bryn Mawr College, une université américaine très sélective réservée aux femmes, Katherine fait son coming-out et se déclare lesbienne. Elle n’entame le lent processus de changement de sexe qu’après avoir terminé son doctorat de théologie à Harvard. Sa compagne de l’époque décide de la soutenir dans cette démarche. Tous deux vivent à présent comme un couple lambda avec leur deux enfants dans la banlieue de Boston.

Dix-huit des 50 Etats américains ont adopté des lois interdisant les discriminations au travail contre les trans. Dix-huit aussi ont spécifiquement interdit le harcèlement à l’école en raison de l’« identité de genre ». Dans 29 Etats, il est possible d’obtenir un nouveau certificat de naissance reflétant son nouveau genre, sans monter d’épais dossier médical. Et cinq Etats obligent les assureurs à couvrir les traitements liés à une transition, après avis médical, par exemple un traitement hormonal, et éventuellement une opération. « Mais il reste encore beaucoup, beaucoup de travail pour non seulement obtenir l’égalité légale et formelle, mais surtout pour résorber les disparités en termes de santé et d’opportunités économiques », nuance Harper Jean Tobin, qui suit les diverses législations au National Center for Transgender Equality.

De nombreuses voix conservatrices et religieuses commencent aussi à dénoncer une « propagande » croissante. Elles contestent l’idée que le genre ressenti d’une personne puisse différer de son sexe biologique. « Cela veut dire que les Américains n’auront plus le droit d’exprimer leur désaccord, qu’il soit moral ou autre, face à l’idée que le genre n’est pas binaire et qu’on peut choisir un mélange de genres, écrit l’auteur conservateur Brent Bozell, très influent. La liberté d’expression est en train de mourir aux Etats-Unis ». Huit Etats du sud et de l’ouest ont ainsi voté des lois interdisant d’interdire: là-bas, les écoles ne peuvent pas mentionner l’identité de genre dans leurs règlements anti-harcèlement. Et dans 29 Etats, un employeur peut toujours légalement licencier un salarié parce qu’il est gay ou trans.

Le mouvement trans compte un allié de poids en Barack Obama. Le président américain a signé de nombreux décrets applaudis par les associations, notamment pour les employés fédéraux. Mais son pouvoir n’est que réglementaire. Face au patchwork, le Congrès ou la Cour suprême devront unifier le droit, plaide Harper Jean Tobin. L’exemple du mariage gay, auquel la Cour suprême a donné un coup de pouce en 2013 et qui est désormais possible dans 19 Etats et Washington, sert ici de modèle aux militants.

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