Walincourt-Selvigny: Le premier mariage pour tous du Cambrésis était celui de Caroline et Martine (VIDÉO)

Le 14 février 2013, en plein débat sur le mariage pour tous, à la faveur de l’opération Saint-Valentin, Caroline Abraham demandait la main de sa compagne Martine Dubaille (1), si la loi le leur permettait. Ce samedi 3août, Martine lui a de nouveau dit «oui», cette fois en mairie de Walincourt-Selvigny. Une union particulière, en tant que première du Cambrésis, mais comme les autres.

« Vous n’avez jamais vu un mariage comme ça… ! » Elle plaisante, Martine, taquine sous le panama blanc face à ses invités, façon de déjouer le stress sans doute. Dans quelques minutes, elle va prendre Caroline, sa compagne depuis huit années, pour épouse, en mairie de Walincourt-Selvigny. Un premier mariage « pour tous », ou « pour toutes », si l’on féminise l’expression, dans l’arrondissement de Cambrai.

Le stress de Caroline, toute de blanc vêtue pour sa part, et de Martine est sans doute celui de toute personne qui s’apprête à franchir le pas, avec une particularité cependant bien plus déstabilisante pour de futurs époux : la peur de débordements. Les gendarmes ont tourné dans la commune toute la journée et accompagné le cortège. Et le maire Daniel Fiévet ne cachait pas avoir été interrogé par les services de renseignements généraux sur l’éventualité que des trouble-fête s’invite à la cérémonie. Il indiquait aussi avoir reçu un drôle de message, lui assurant : « On s’en souviendra au moment des élections… » « Je ne veux pas faire l’apologie du mariage gay, mais j’estime que tout le monde doit avoir les mêmes droits et devoirs, et c’est la loi, on doit l’appliquer. », voulait préciser le maire au terme de la cérémonie qui n’a finalement connu aucun désordre.

« C’est bien d’amour que nous devons parler »

À la question du premier magistrat, Caroline répondra doucement – la faute à sa bronchite peut-être, à l’intense émotion qui ne l’a pas lâchée de toute la cérémonie plus certainement encore. « Oui ! » Celui de Martine est puissant, sonne comme une victoire. Victoire, le prénom de leur petite fille, née le 9 mars 2012, que porta Caroline et que Martine a promis « de protéger tout le reste de (s)a vie ». Ceci avant la lecture des textes réglementaires et la signature des registres. Comme pour toute union civile.

Le premier magistrat avait voulu un mariage « identique – ni plus, ni moins – dans son déroulement, à tous ceux que nous célébrons habituellement. En fait, sourit-il après deux chanteurs eurent entonné Vivo per lei au milieu d’une assistance toute retournée, et tandis que Caroline et Martine s’échangent des mouchoirs en papier, il a été beaucoup plus beau que beaucoup de mariages ! » Et d’ajouter, rappelant la loi « très controversée » qui a permis sa tenue : « Les passions doivent s’apaiser, et les événements – d’ailleurs heureux comme celui d’aujourd’hui – suivre leur cours dans le cadre et la sérénité retrouvés. Car enfin, c’est bien d’amour et de nulle autre chose que nous devons parler aujourd’hui. » Une histoire et des noces uniques et mémorables. Comme l’est tout mariage.

Par Hélène Harbonnier