Vidéo. Blued : premier site de rencontre pour les homosexuels en Chine

« J’ai une centaine d’employés pour m’aider dans cette mission très spéciale », explique Geng Le, le créateur du site de rencontres, destinée au public homosexuel : « Nous tentons de démystifier l’homosexualité, pour que cessent les discriminations, en offrant également à la communauté, un lieu pour échanger. »

Si Geng parle aujourd’hui de son orientation sexuelle avec sourire, le sujet est longtemps demeuré pourtant enfoui au plus profond de lui-même. Policier dans une grande ville le jour… il tentait de trouver des partenaires la nuit.

« Je me sentais extrêmement perdu », indique-t-il. « Je ne savais pas ce qui clochait avec moi. Surtout lorsqu’on vous explique, notamment sur le net, que l’homosexualité est un “trouble psychologique”, que l’on peut “soigner” avec des électrochocs. J’ai vraiment pensé qu’il fallait que je consulte un docteur. Mais je ne voulais pas non plus en rencontrer un dans ma ville. »

C’est à ce moment que Geng décide de raconter son histoire anonymement. Mais lorsque son patron l’apprend, il lui donne un ultimatum :

« Il m’a dit : “soit tu considères que tu es policier et tu abandonnes tes histoires de site pour gay, soit tu démissionnes”. Je ne savais pas quoi faire. Mes collègues m’évitaient dans les couloirs. Plusieurs d’entre eux parlaient dans mon dos. J’étais démoli. »

Geng choisira ainsi de rester “vrai”, en donnant sa démission. Une décision qui va néanmoins changer sa vie et celles de millions de personnes en Chine. Car en effet, en 2012, l’ex-policier crée Blued, qui connaîtra instantanément le succès.

« Aujourd’hui, j’ai 15 millions d’abonnés et une entreprise de la Silicone Valley, en Californie, a investi quelque 30 millions de dollars dans notre site de rencontre », confie l’entrepreneur.

Blued est devenu en 3 ans une sorte de planète où les LGBT chinois peuvent échanger, se rencontrer, parler de leurs difficultés. Une libération puisque même si le pays est aujourd’hui plus tolérant, les homosexuels n’ont aucune protection et sont toujours victimes de discrimination.

« Ça a également transformé ma vie, raconte Jiang Zhongtao, un relationniste de 28 ans. J’ai repris confiance en moi, alors que jusque là, j’étais persuadé être le seul homosexuel au monde. Je n’ai pas non plus parlé à mes parents, parce que j’ai bien conscience qu’ils ne l’accepteront jamais. Mais au moins je suis moi-même. »

Une clinique de dépistage

L’isolement des homosexuels fait en sorte que peu d’information est véhiculée à propos du sida par exemple et des moyens pour se protéger. Geng Le a donc créé sa propre clinique pour dépister le VIH. Le service étant anonyme et gratuit.

Un accomplissement majeur dans un pays comme la Chine. Mais Geng ne veut pas en rester là. Il espère maintenant faire adopter une loi pour interdire la discrimination envers les personnes LGBT dans les milieux de travail et inciter à la reconnaissance légale des conjoints de même sexe.

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