La chanteuse Ludmilla et sa compagne, couple phare, en couverture de l’édition brésilienne de Marie Claire

C’est l’un des pays qui comptent le plus grand nombre d’assassinats de personnes LGBTQI+ (Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers et intersexes), désormais encouragés par la violence verbale du président Jair Messias Bolsonaro. Il se décrit lui-même comme un « fier homophobe », misogyne et raciste, et s’est engagé à défendre et promouvoir « le vrai sens du mariage, c’est-à-dire l’union d’un homme et d’une femme ». Depuis le nombre de mariages entre personnes de même sexe ne cesse d’augmenter. Et ce mois-ci, c’est le magazine Marie Claire qui s’engage avec à la « Une » un cliché et une interview « franche et sans tabou » de la chanteuse Ludmilla et de son épouse Brunna Gonçalves, couple phare et stars aux millions d’abonnés sur les réseaux sociaux.

Les deux femmes se sont mariées en décembre dernier après plusieurs mois d’une relation discrète, dévoilée récemment sur un Tapis Rouge à Los Angeles, aux États-Unis. Elles craignaient « des répercussions », des annonceurs notamment qui les soutiennent individuellement dans leur carrière. Mais leur amour « a pris le dessus ». Et c’est plutôt réussi. « Brunna m’a rendue plus forte », insiste Ludmilla, qui aura « enchaîné les répétitions avant de se lancer et demander la main de sa bien aimée. Et j’étais pourtant du genre à ne pas vouloir me marier ».

Elles souhaitent maintenant fonder une famille et « partager leur maternité » via recours, pourquoi pas, à une procréation médicalement assistée (PMA), paradoxalement ouverte à toutes au Brésil depuis des années. « Je serais la donneuse, Brunna portera l’enfant », poursuit Ludmilla, qui revient également sur son album et ses projets musicaux dans l’édition pour les abonnés.

En dépit d’une multitude de commentaires haineux, les Brésiliens saluent l’initiative : « beaucoup d’émotion », « une première », « un couple parfait », « sensationnel », « une claque pour les homophobes ». La couverture est d’ailleurs devenue virale et les extraits de l’interview sont relayés favorablement dans toute la presse.

Rappelons que selon l’ONG Grupo Gay da Bahia (GGB), qui collecte des statistiques nationales depuis quatre décennies, il y a eu en 2017 au Brésil 387 meurtres et 58 suicides dus à ce que l’association appelle « homotransphobie », c’est à dire les sentiments négatifs envers les homosexuels ou envers les transsexuels. En juin 2019, le Tribunal fédéral suprême a d’ailleurs décrété provisoirement que l’homophobie était équivalente au délit de racisme, en attendant que le Congrès élabore une loi, tandis que depuis 2017, la justice brésilienne autorise les psychologues à proposer des « thérapies » anti-gay. Cette magnifique Une de Marie Claire est d’autant plus salutaire.