Turquie : Les transsexuels aussi manifestent contre le gouvernement

Près d’un millier de manifestants réunis dimanche sur la place Taksim d’Istanbul pour une “marche en l’honneur des transsexuels” en ont profité pour entonner des slogans du mouvement contre le gouvernement islamo-conservateur qui secoue la Turquie depuis des semaines, sans être réprimés par la police.

“Ce n’est que le début, la lutte continue”, a scandé la foule colorée de militants des droits des transsexuels, travestis, gays et lesbiennes, là où la veille encore, la police avait repoussé des milliers de contestataires hostiles au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avec des canons à eau.

“Tayyip, les invertis arrivent!”, ont également crié les militants, “je suis là mon amour, ouvre, ouvre!”

Partis de la place Taksim, théâtre de nombreux heurts entre policiers et manifestants depuis la fin mai, les manifestants ont marché sur l’avenue commerçante Istiklal en arborant des pancartes en turc et en kurde sur lesquelles on pouvait lire “être transsexuel n’est pas une maladie” et “la transphobie tue”.

Le mouvement de contestation antigouvernementale est né le 31 mai dans le parc Gezi, jouxtant la place Taksim, quand la police a violemment réprimé quelques centaines de défenseurs de l’environnement qui voulaient s’opposer à l’arrachage des arbres du parc dans le cadre d’un projet d’aménagement voulu par le gouvernement.

La fronde a ensuite gagné tout le pays, les contestataires reprochant à Recep Erdogan son autoritarisme et sa volonté d’islamiser la société turque, le parc Gezi devenant alors un camp retranché des manifestants.

La confrontation avec la police a pris fin après que celle-ci a investi le parc samedi dernier à grands renforts de gaz lacrymogène et de canons à eau.

Une nouvelle manifestation a cependant été dispersée samedi.

En Turquie, pays en majorité musulman mais au régime laïc, les relations homosexuelles et les opérations de changement de sexe ne sont pas illégales, contrairement à d’autres pays musulmans. Mais l’homophobie y est très présente et souvent accompagnée de violences.

(Source AFP)