Rugby féminin : les Pink Rockets dénoncent des propos lesbophobes au Stade Français

Réunies dans une prise de parole inédite, les joueuses de rugby du Stade Français, les Pink Rockets, qui évoluent en Elite 2, demandent la destitution immédiate de leur directeur sportif, après des faits qualifiés de sexistes et lesbophobes à l’encontre de plusieurs membres de l’équipe, dont une dirigeante.

Leurs accusations font suite à une enquête publiée par Mediapart, révélant des témoignages accablants sur le comportement du directeur sportif de l’équipe. Ce dernier, suspendu depuis janvier de ses fonctions auprès des joueuses, conserve toutefois d’autres responsabilités au sein de l’association.

Dans une lettre adressée au club et rendue publique ce jeudi 22 mai, les joueuses dénoncent un climat toxique marqué par des remarques répétées et humiliantes ciblant l’orientation sexuelle de certaines d’entre elles. « Ces propos ne relèvent pas du simple dérapage, mais d’un mécanisme d’exclusion », écrivent-elles, fustigeant également le silence prolongé et l’inaction de la direction du club.

À l’origine de l’alerte, Laura, ancienne joueuse devenue directrice bénévole de la section féminine, affirme avoir été directement visée. Selon son témoignage, relayé par France Inter, le dirigeant aurait qualifié certaines de ses coéquipières de « bouffeuses de chattes », dans un climat de moquerie et de pression constante.

En décembre 2024, elle dépose plainte au commissariat et effectue un signalement officiel auprès de la Fédération française de rugby. Cinq mois plus tard, le club sanctionne le dirigeant d’un blâme à l’issue d’une enquête interne. Une réponse que les Pink Rockets jugent largement insuffisante.

« Aucun échange, aucune réunion, aucun soutien. Juste un communiqué tardif pour tenter de clore le dossier », dénoncent-elles, exigeant la démission totale du responsable, une reconnaissance publique des faits et des garanties pour protéger celles et ceux qui ont témoigné.

Saisie de l’affaire, STOP homophobie va se constituer partie civile si nécessaire et accompagner les joueuses dans leurs démarches juridiques et institutionnelles. L’association salue leur courage et appelle les instances sportives à assumer pleinement leurs responsabilités face à ce type de violences.

De son côté, l’avocat du mis en cause, Me Karim Beyloumi, affirme que les propos rapportés ont été sortis de leur contexte et ne relevaient d’aucune intention homophobe. Il défend par ailleurs un engagement de longue date de son client en faveur du rugby féminin.

Cette affaire résonne bien au-delà du club parisien. Elle met en lumière l’impunité encore fréquente face aux violences verbales dans le sport amateur, en particulier lorsqu’elles visent des femmes lesbiennes. Et interroge, une fois de plus, sur le courage des institutions à défendre les valeurs qu’elles affichent.