Rouen Trois hommes devant les assises pour avoir torturé un homosexuel

Le procès de trois hommes âgés de 28 à 29 ans, accusés d’avoir agressé et torturé un homosexuel en septembre 2009 dans une forêt de Rouen s’est ouvert lundi, à huis-clos, devant la Cour d’assises de la Seine-Maritime.

Demandé par Me Clément Abitbol, l’avocat de la victime, Jérémy Simon, aujourd’hui âgé de 28 ans, le huis-clos total a été accepté par la cour dès le début de l’audience. Instituteur, le jeune homme qui a refusé le soutien d’associations de défense des homosexuels, ne souhaite pas être mis en avant et n’aspire qu’à la discrétion.

Jérémy Simon a été découvert très gravement blessé par des automobilistes, au matin du 27 septembre 2009, dans la forêt des Essarts, un lieu de rencontres de la communauté homosexuelle de la région. Son corps présentait de graves brûlures au torse, au visage et aux jambes ainsi que de nombreuses traces de coups.

Conscient avant d’être plongé dans un coma artificiel, il a le temps d’indiquer aux secours qu’il a été agressé au cours de la nuit, emmené dans une voiture, frappé et insulté dans des termes homophobes par trois individus qui lui ont de surcroît volé son téléphone portable. Il séjournera plus de quatre mois dans des hôpitaux pour des soins intensifs.

Interpellés en février 2011, les trois agresseurs présumés, Steve Belleau, Stéphane Benaïssa et Farid Ait Ali indiquent aux policiers qu’ils ont été “énervés” ce soir-là par la victime qui leur aurait fait un appel de phares. Les trois hommes qui ont beaucoup bu, selon leurs dires, interprètent ce signe comme une invitation à une rencontre homosexuelle et décident de jouer le jeu en répondant à ses appels, pour lui tendre un piège.

Deux d’entre-eux se cachent à l’arrière de la voiture et au moment de la rencontre, les trois se jettent sur lui et le frappent à coups de pieds, de poings et de crosse de pistolet avec une extrême violence. Ils laissent Jérémy Simon pour mort après avoir incendié son véhicule.

Au cours de sa garde à vue, Steve Belleau reconnait les faits en évoquant “l’aversion” que lui inspire l’homosexualité qui est à ses yeux “contre nature” et “contre Dieu”. Il promet même aux homosexuels “les flammes de l’enfer”, selon ses déclarations aux enquêteurs.

Me Fabien Picchiotino, qui défend Stéphane Bénaïssa, estime que son client, à la différence de Steve Belleau, n’est pas homophobe. “L’idée, c’était de voler unhomosexuel parce que c’était plus facile, en particulier dans une forêt, la nuit”, soutient-il.

La justice n’a pas fait de distinction entre les deux et Stéphane Bénaïssa a été mis en examen comme Steve Belleau pour “tentative d’homicide volontaire” et “tortures ou actes de barbarie à raison de l’orientation sexuelle de la victime”. En revanche, Farid Ait Ali dont le rôle a été minimisé par ses camarades est poursuivi uniquement pour “non-empêchement de crime” et “non-assistance à personne en danger”.

Les deux premiers risquent la réclusion criminelle à perpétuité et le troisième une peine de cinq ans de prison, à l’issue de ce procès prévu pour durer jusqu’à vendredi.