Quand les LGBT africains adressent un plaidoyer au Pape François, l’exhortant à « fédérer la tolérance » !

>> African gays make simple request to pope: preach tolerance

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Ce mercredi 25 novembre le Pape François s’est envolé pour l’Afrique, où l’homosexualité reste durement réprimée dans près de 54 États. De Nairobi à Bangui en passant par Kampala, durant six jours, il entend prêcher la paix, le dialogue entre religions et la lutte contre l’exclusion. L’occasion pour les personnes LGBT de lui adresser un plaidoyer : « Quand bien même vous êtes contre la possibilité de nous bénir, apporter un message de tolérance. »

C’est également le souhait de Jackson Mukasa, 20 ans qui, soupçonné d’homosexualité, aura évité la prison par manque de preuve : « J’aimerais tout au moins que le pape fasse comprendre aux gens qu’être une lesbienne, un gay ou un trans… ce n’est pas une malédiction. Parce que je vous assure, pour nous c’est un véritable défi ! Nous souffrons constamment du vindicte populaire, dans cette angoisse d’être assassinés ou arrêtés », confie le jeune ougandais.

Mais, l’Église catholique établit une distinction entre les actes d’homosexualité, « contraires à la loi naturelle », et la personne homosexuelle qui « doit être respectée dans la dignité et accueillie avec respect », indépendamment de sa tendance sexuelle, rappelle Frank Mugisha, militant pour les droits LGBT et président de l’organisation Sexual Minorities Uganda. Il espère ainsi que le Pape aura le souci d’éviter toute marque d’injuste discrimination : « les LGBT sont aussi les enfants du bon Dieu. Il suffit que le Saint Père évoque l’amour, la compassion et l’égalité pour tout le monde, pour que les Ougandais l’écoutent. »

Au sein de ce monde chrétien africain, ce sont cependant les églises protestantes, parmi les opposants les plus véhéments de l’homosexualité, qui ont d’ailleurs le plus le vent en poupe : 57% des chrétiens africains sont protestants et 34% catholiques. Et, si les récentes avancées en matière de droits des LGBT en Europe et aux États-Unis, où les couples de même sexe peuvent désormais se marier et adopter des enfants, ont redonné du souffle aux personnes LGBT en Afrique, elles auront également durci le sentiment anti-homosexuel pour des raisons de croyance, d’éducation ou certaines rancœurs envers les Occidentaux, parfois entretenue par les politiques, qui peuvent voir en la mobilisation internationale pour les droits des personnes homosexuelles une tentative d’imposer ce qui est pensé comme valeur occidentale.

« Or c’est l’interdiction légale de l’homosexualité qui a été imposée par l’Occident à travers un système législatif qui reproduisait celui en vigueur dans les métropoles d’alors, et non le contraire », soulignait le sociologue camerounais Charles Gueboguo dans un article sur Libération.

« Les législations des nouveaux pays africains après les indépendances ont été inspirées par les colons et conçues parfois par ces derniers comme un package de nombreux interdits pour établir de nouvelles valeurs nationales se voulant fédératrices… Mais un individu lambda, qui n’a pas de quoi manger, ne va pas aller regarder tous ces détails. Ils prétendent vouloir régler tous les problèmes sociaux, mais ne s’acharnent pas autant contre la corruption, le fossé entre riches et pauvres, la pédophilie (des vieillards qui épousent impunément des jeunes filles parfois prépubères). »

L’ascension de François à la papauté en 2013, succédant au très conservateur Benoît XVI, avait également encouragé les LGBT africains, comme c’est le cas pour David Kuria, un militant bien connu au Kenya, qui avait aussi salué le fameux : « qui suis-je pour la juger ? ».

Son pays, où « les homosexuels n’ont pas non plus leur place », comme le déclarait encore en mai dernier le vice-président kényan William Ruto, aura toutefois accueilli quelque 500 réfugiés homosexuels de l’Ouganda voisin. Lorsqu’on lui a demandé s’il souhaitait adresser un message au souverain pontife, il n’a pas hésité, rappelant que sa mère, catholique et fervente pratiquante, a été exclue de son groupe de prière du village parce qu’elle avait « élevé un fils homosexuel ». Il croise les doigts en exhortant le Pape, qui « aime tout le monde », à le rappeler, « avec une attention toute particulière pour nos proches et familles qui n’ont pas à jouer les bouc-émissaires ou douter de leur foi. D’où l’importance de prêcher la tolérance. » Parce que l’homophobie ne tue pas uniquement des homosexuels.

Terrence Katchadourian
stophomophobie.org

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>> African gays who often face persecution in the streets and sometimes prosecution in courts have a simple plea for Pope Francis ahead of his first visit to the continent: bring a message of tolerance even if you will not bless our sexuality.

Francis travels to Kenya and Uganda, where many conservative Christians bristle at the idea of the West forcing its morality on them, especially when it comes to gays and lesbians. He also visits conflict-torn Central African Republic on a tour that starts on Nov. 25.

While Francis has not changed Catholic dogma on homosexuality and has reaffirmed the church’s opposition to same-sex marriage, his more inclusive approach has cheered many gay Catholics while annoying conservatives.

“I would like the Pope to at least make people know that being LGBT (lesbian, gay, bisexual, transgender) is not a curse,” said Jackson Mukasa, 20, a Ugandan in Kampala who was imprisoned last year on suspicion of committing homosexual acts, before charges were dropped for lack of evidence.

“Being a gay in Uganda is a challenge. You expect mob justice, you expect to be killed, you expect to be arrested,” said Mukasa, who also goes by the name Princess Rihanna.

Homosexuality or the act of gay sex is outlawed in most of Africa’s 54 states. South Africa is the only African nation that permits gay or lesbian marriage. The Catholic church holds that being gay is not a sin but homosexual acts are.

Uganda, which is about 40 percent Catholic, has been seen as a bastion of anti-gay sentiment since 2013, when it sought to toughen penalties, with some lawmakers pushing for the death penalty or life in prison for some actions involving gay sex.

The law was overturned on procedural grounds, but not before U.S. Secretary of State John Kerry compared it to anti-Semitic legislation in Nazi Germany. Other Western donors were outraged.

Frank Mugisha, director of Sexual Minorities Uganda and one of the country’s most outspoken advocates for gay rights, said he hoped the Pope would bring a message that gays and lesbians should be “treated like any other children of God.”

“If he starts talking about rights, then Ugandans are going to be very defensive,” said Mugisha, a Catholic. “But I would think if the Pope was here and talking about love, compassion and equality for everyone, Ugandans will listen.”

A government spokesman, Shaban Bantariza, said: “We hope the Pope’s message will not diverge from the core beliefs of Ugandans.”

“We don’t view homosexuality as a normal lifestyle but also we have chosen not to persecute those who have fallen victim to it,” he said.

While gays feel ostracised by the Catholic church’s teachings, Africa’s evangelical protestant preachers are often among the most strident opponents of homosexuality.

“LOVE EVERYONE”

The lightning progress of gay rights in much of America and Europe, where same-sex couples can marry and adopt children, has encouraged gay Africans but hardened attitudes of those who object to the idea on religious grounds.

U.S. President Barack Obama, whose father was Kenyan, likened discrimination against gays to racism, speaking during a visit to Kenya, where about a third of the population is Catholic.

Francis’ ascent to the papacy in 2013, replacing the more conservative Pope Benedict, has heartened gay Africans. They welcomed Francis’ comment early in his papacy that: “If a person is gay and seeks God and has good will, who am I to judge him?”

Although many Kenyan Christians are deeply conservative, the country has been comparatively tolerant and now hosts about 500 gay refugees from neighbouring Uganda. Kenyan law calls for jailing those involved in homosexual acts but rarely prosecutes.

David Kuria, a well-known Kenyan gay rights activist, did not hesitate when asked about the message he would give to the pope ahead of the visit.

Recalling that his mother, a devout Catholic, was kicked out of her village prayer group because she had raised a gay son, he said he would say that parents of gays should not be victimised or made to “doubt themselves as parents or as Christians”.

“I hope the Pope would say, ‘Love everyone,’ especially those who are still coming to church.”