Quand les entreprises américaines s’engagent dans la bataille du mariage gay

ETATS-UNIS – Plusieurs élus républicains ont décidé de faire de mercredi un jour de soutien à Chick-Fil-A, une chaîne de fast-food critiquée par les libéraux après la sortie de son PDG contre le mariage homosexuel…

De notre correspondant à Los Angeles

Pendre parti pour ou contre le mariage gay: la plupart des entreprises américaines préfèrent en général rester neutre sur la question. Mais début juillet, Dan Cathy, président de la chaîne de fast-food Chick-Fil-A, explique à un journal baptiste: «Nous supportons la famille au sens biblique de sa définition […], nous vivons encore dans un pays où il est possible de partager nos valeurs et d’opérer selon des principes bibliques.»

Ni une, ni deux, de nombreux organisations LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) appellent aussitôt à un boycott de cette chaîne très populaire dans la «Bible Belt» américaine. En face, l’ancien candidat conservateur républicain, Mike Huckabee, riposte et mène le mouvement pour faire de ce mercredi 1er août une journée de soutien à la chaîne. Sur Facebook, plus de 500.000 personnes ont déclaré leur intention de participer au «Chick-Fil-A appreciation day».
Liberté d’expression

Plusieurs personnalités républicaines n’ont pas attendu pour aller manger du poulet. Vendredi dernier, Sarah Palin publiait une photo sur Facebook aux côtés de son mari, tout sourire, un sac Chick-Fil-A à la main. Le lendemain, l’ancien candidat à l’investiture républicaine, Rick Santorum, y allait de son tweet

Côté démocrate, le maire de Chicago et ancien chef de cabinet de Barack Obama, Rahm Emanuel, a expliqué que la chaîne ne «partageait pas les valeurs» de sa ville. Celui de Boston a fait pareil, et Edwin Lee, à San Francisco a, lui, tweeté: «Le Chick-Fil-A le plus proche se situe à 40 miles de San Francisco. Je leur recommande vivement de ne pas venir plus près».
Amazon et Starbuck font leur coming-out

Si Chick-Fil-A, qui ferme le dimanche pour honorer le jour du Seigneur, défend les valeurs conservatrices, d’autres entreprises prennent l’approche opposée. J.C. Penney (prêt-à-porter) a embauché, début 2012, l’animatrice Ellen DeGeneres, ouvertement lesbienne, comme porte-parole. Malgré les appels au boycott, la chaîne a poursuivi avec une série de publicité montrant des couples de même sexe, notamment pour la fête des mères et des pères. Gap et Target ont fait de même.

Le débat se poursuit sur le terrain financier et politique. Starbuck a publié, en mai dernier, un communiqué officiel se prononçant en faveur du mariage gay, alors qu’un référendum sur la question sera organisé en novembre dans l’Etat de Washington, où se trouve le QG de l’entreprise. A titre personnel, le patron d’Amazon, Jeff Bezos, et sa femme, ont donné 2,5 millions de dollars. Bill Gates et Steve Ballmer, de Microsoft, ont chacun fait un chèque de 100.000 dollars.

Ces entreprises prennent-elles un risque? «Absolument», estime Allen Adamson, de BrandSimple. Selon les experts, le danger est avant tout sur l’image d’une marque, qui peut être affectée par une prise de position sur un sujet controversé. Mais Michael Wilke, consultant chez Out Now, une société de marketing pro-gay, explique au Huffington Post que le risque peut être «payant» si les marques anticipent les changements de société.
Philippe Berry

source:http://www.20minutes.fr/monde/979681-quand-entreprises-americaines-engagent-bataille-mariage-gay#xtor=EPR-159-[morning]-20120801-[article_monde]-755979376@3