« Prévalence d’informations erronées au sujet de l’orientation et de l’identité sexuelles » au Vietnam, s’inquiète HRW

Les jeunes Vietnamiens LGBT se heurtent à l’ostracisme et aux discriminations, aussi bien chez eux qu’à l’école, « à cause de mythes persistants tels que la fausse croyance selon laquelle ressentir de l’attraction pour une personne du même sexe est une maladie mentale dépistable, traitable et guérissable », a constaté Human Rights Watch (HRW), dans un rapport publié ce 12 février 2020.

Ainsi, en dépit des engagements du gouvernement du Vietnam pour améliorer la situation, beaucoup de ces jeunes « subissent des actes de harcèlement verbal et des brimades, qui mènent dans certains cas à des violences physiques. Les enseignants sont souvent dépourvus de formation et mal équipés pour faire face à des cas de discrimination anti-LGBT », souligne HRW.

Ce rapport de 65 pages, intitulé « ‘My Teacher Said I Had a Disease’: Barriers to the Right to Education for LGBT Youth in Vietnam » (« ‘Mon professeur disait que j’avais une maladie’: Entraves au droit à l’éducation pour les jeunes LGBT au Vietnam »), est basé sur des entretiens menés avec 52 jeunes LGBT, ainsi qu’avec des enseignants et d’autres membres du personnel scolaire.

« On ne m’a jamais rien appris au sujet des LGBT », a déclaré Tuyen, une jeune femme bisexuelle de 20 ans, à Human Rights Watch. « Il y a très peu de gens qui pensent que c’est normal. » Un conseiller d’établissement a déclaré : « Il y a énormément de pression sur les enfants pour qu’ils soient hétérosexuels. Il est constamment répété qu’être attiré par quelqu’un du même sexe est une chose qui peut et qui doit être changée et corrigée. »

Le harcèlement verbal ciblé est d’ailleurs monnaie courante dans les écoles vietnamiennes, rurales et urbaines, publiques et privées. Élèves et enseignants usent régulièrement de propos désobligeants à l’égard des personnes LGBT, accompagnés de menaces de violence.

La majorité des jeunes interrogés qui ont subi ces brimades à l’école ont déclaré qu’ils ne se sentaient pas à l’aise pour rapporter les incidents. Parfois c’était en raison du comportement du personnel, ouvertement dicté par des préjugés. Dans d’autres cas, les élèves présumaient qu’il ne serait pas prudent pour eux de se tourner vers les adultes pour chercher de l’aide.

Même dans les cas où les élèves ne subissaient pas d’abus verbaux ou physiques, beaucoup ont expliqué que leurs familles, leurs pairs et leurs professeurs les ostracisaient et les excluaient implicitement et explicitement. Cela se produit en classe, où les professeurs qualifient de « contre nature » toute relation qui ne soit pas hétérosexuelle et procréative, ainsi qu’à la maison, où les parents menacent leurs enfants de violences, d’expulsion ou de leur faire subir un traitement médical s’ils sont gays ou lesbiennes.

Pourtant, le ministère de l’Éducation Vietnamien a effectué un pas dans la bonne direction en 2019, en produisant, avec l’aide des agences des Nations Unies, des directives pour l’élaboration d’un programme complet d’éducation sur la sexualité incluant les phénomènes LGBT, mais ce programme n’a pas encore été créé. D’autres gouvernements d’Asie ont récemment modifié leurs politiques pour inclure et protéger les jeunes LGBT, notamment le Japon, le Cambodge et les Philippines.

« Nous avons besoin de mesures plus fortes pour lutter contre la discrimination et créer un environnement éducatif sûr et inclusif pour nos jeunes », a commenté Ngo Le Phuong Linh, responsable d’un groupe vietnamien de défense des droits LGBT+.

« L’alignement déclaré du gouvernement sur un mouvement mondial tendant à respecter les droits des personnes LGBT reflète une certaine volonté politique d’apporter des changements législatifs et politiques très nécessaires », conclut Graeme Reid. « Protéger des jeunes contre les violences et les discriminations et s’assurer que leur éducation soit basée sur des faits plutôt que sur des préjugés constitue un premier pas important. »