Présidentielle : Un mouvement gay pro-Fillon pour élargir l’audience du candidat en décongestionnant son image

C’est encore une révélation du Canard Enchaîné, également relayée par le Figaro. L’équipe de François Fillon aurait donné mercredi « un accord de principe » à la formation d’un « mouvement homosexuel » en sa faveur. Une nouvelle composante qui viendrait s’ajouter au dispositif de campagne pour « casser son image », plus que jamais en jachère depuis sa mise en examen, notamment pour détournement de fonds publics et recel d’abus de biens sociaux.

L’initiative serait confiée à Benoît-Olivier Boureau, banquier chez Rothschild et impliqué dans le comité de soutien parisien du candidat. Il n’a pas répondu aux sollicitations du Figaro. En revanche, Pierre Danon, à la tête du pôle de campagne société civile, confirme, « ravi d’accueillir cette initiative et de le publier si elle est solide et sérieuse, ce dont je ne doute pas. »

Pierre Danon est lui-même membre de Sens Commun, émanation politique de la Manif pour tous, en puissance au sein des Républicains. Il vient d’intégrer dans son organigramme « bis », révélé par C Politique, Samuel Lafont, 28 ans, activiste anti-LGBT, proche de Christine Boutin, membre du très radical Printemps Français, et bien connu pour ses dérapages homophobes, comme la polémique suscitée en 2013, après son agression purement crapuleuse dans le métro parisien, qu’il avait maquillé en acte d’hétérophobie. Il est désormais affecté aux « réseaux sociaux ».

Sur L’Express, Pierre Danon a promis de « réagir rapidement » si les tweets de son poulain sont jugés « incompatibles » avec l’engagement Filloniste.

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Difficile d’imaginer, devant cette autre réponse, le soutien de l’électorat LGBT au travers d’une cellule dédiée, alors que le candidat proposait déjà de réviser la loi Taubira, en hiérarchisant les familles pour « conditionner la protection des enfants selon l’orientation sexuelle des parents », rappelle Catherine Michaud, élue UDI et présidente du mouvement de droite Gaylib : « On pourrait croire à une blague. C’est consternant, pathétique, je n’ai pas de mots ».

Franck Riester, député-maire de Coulommiers, l’un des premiers cadres gays à droite, qui vient aussi de se retirer de la campagne, regrette tout autant cette démarche communautariste.

Mais pour le chef de file des Jeunes avec Fillon, ainsi que Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot, ex-égérie des antis mais « sympathisante de la communauté homosexuelle », assure-t-elle, la nouvelle est enthousiasmante, « ça devrait permettre d’élargir notre audience, alors qu’on essaie de le faire passer pour un extrémiste en arguant de la radicalisation de sa campagne », ajoute Cédric Rivet-Sow.

Selon les sondages, François Fillon est « en peine » dans les intentions de vote, derrière Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui dominent les débats, mais devant Benoit Hamon et Jean Luc Mélenchon, plus engagés pour les LGBT.

Valentine Monceau
stophomophobie.com