Premier mariage gay en Chine

Plusieurs milliers de personnes y ont assisté et la nouvelle a été largement diffusée dans le pays.

Ainsi donc, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a été devancé non seulement par la Suède et la Norvège, par les Pays-Bas et la Belgique, par l’Espagne et le Portugal, mais aussi par la Chine. Le 2 octobre dernier en effet, dans la province du Fujian, au sud de Shangha
i, on a procédé au mariage d’un couple homosexuel. On ne sait s’il faut y voir un lien avec cet autre événement : en août dernier, c’est un mariage lesbien qui avait été célébré à Taïwan, selon le rite bouddhiste.

L’événement peut étonner. Les autorités chinoises sont particulièrement pudibondes. Les sites pornographiques sur Internet sont régulièrement fermés; les livres érotiques interdits à la vente. Le roman classique Jin ping mei, roman de mœurs du XVIe siècle l’est aussi, au motif qu’il contient quelques scènes un peu scabreuses. Et l’on n’en finirait pas de citer les innombrables interventions du gouvernement chinois pour réprimer toute expression ou manifestation un peu libre sur les questions sexuelles. Cela étant, en cette matière, l’hypocrisie officielle couvre souvent une plus grande liberté réelle.

Il est vrai qu’il n’y a pas, en Chine, cette tradition homophobe qui s’est répandue en Occident, comme la leçon qui s’impose depuis le massacre de masse de Sodome, de Gomorrhe et des villes environnantes. En Chine, un peu comme c’était le cas dans la Grèce ou dans la Rome antiques, on n’aime pas trop les homosexuels exclusifs, les hommes efféminés. On s’en moque volontiers. Mais une relation homosexuelle entre un homme, polygame et père de famille nombreuse, et un autre, généralement plus jeune que lui, n’est pas moralement condamnée. Elle ne surprend pas davantage. Aujourd’hui, la polygamie est interdite, mais l’homosexualité ne suscite pas les réactions passionnelles qu’elle provoque encore dans beaucoup de pays occidentaux, au nom de la religion.

Et l’on se souvient de Jing Xing, cette danseuse formée dans l’armée populaire de libération, un transsexuel qui, il y a quelques années, a fait le tour du monde pour promouvoir un livre dans lequel elle racontait l’histoire de son changement de sexe : opération de communication qui n’avait d’autre effet, sinon d’autre but, que de faire la démonstration de la grande libéralité des autorités chinoises.

Quand la presse officielle chinoise informe ses lecteurs sur le mariage gay du Fujian, l’intention est sans doute la même. Mais c’est aussi la réalité : le mariage gay n’est pas, en Chine, un objet de scandale. Voilà qui pourrait utilement éclairer les débats en cours dans notre pays au sujet du mariage homosexuel.

Source : http://www.lenouveleconomiste.fr/premier-mariage-gay-en-chine-16416/