Portugal: Le Parlement fait un pas en faveur de l’homoparentalité

Le Parlement portugais a adopté de justesse vendredi une proposition de loi permettant aux membres d’un couple homosexuel d’adopter les enfants de leur conjoint, mais deux textes accordant à ces couples un plein droit à l’adoption ont été rejetés. En cette journée mondiale contre l’homophobie, la proposition a été votée en première lecture par une majorité de 99 voix favorables, 94 contre et 9 abstentions, a annoncé la présidente de l’Assemblée Maria da Assunçao Esteves.

Au sein d’un Parlement dominé par la coalition de centre droit au pouvoir, le texte a été approuvée avec les voix de l’extrême gauche, de la plupart des députés du Parti socialiste et de 16 élus du Parti-social démocrate (centre droit) du Premier ministre Pedro Passos Coelho. Selon le texte présenté par une douzaine d’élus socialistes, «quand deux personnes de même sexe sont mariées ou vivent en concubinage déclaré, et l’un d’eux exerce la responsabilité parentale d’un mineur, par filiation ou par adoption, son conjoint peut adopter ce mineur».

Un regard «pragmatique» sur des «réalités familiales déjà existantes»

Le Parlement a en revanche rejeté deux propositions de loi autorisant les couples homosexuels à adopter conjointement, défendues par des petits partis d’extrême gauche, comme cela avait déjà été le cas en février 2012. Au Portugal, l’adoption à titre individuel est ouverte à tous mais la loi autorisant le mariage gay, promulguée il y a trois ans jour pour jour, exclut explicitement le droit à l’adoption pour les couples de même sexe. «Il ne s’agit pas de revisiter le thème de l’élargissement de l’adoption à toutes les personnes (…), mais de répondre avec un regard pragmatique à des réalités familiales déjà existantes», ont fait valoir les auteurs du texte adopté.

Cette adoption «coparentale» au sein des couples homosexuels avait enregistré en février dernier une importante avancée juridique, quand la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a statué en faveur d’un couple de lesbiennes autrichiennes dont l’une s’était vu refuser par la justice de son pays le droit d’adopter le fils de l’autre. La Cour de Strasbourg avait alors relevé qu’une telle discrimination était inscrite dans la loi de quatre autres Etats européens : le Portugal, la Roumanie, la Russie et l’Ukraine.