Persécutions : Le premier réfugié homosexuel tchétchène accueilli en France témoigne (VIDEOS)

Il est arrivé à Roissy ce lundi 29 mai, alors même qu’Emmanuel Macron interpellait Vladimir Poutine, en visite à Versailles, sur le sort des homosexuels en Tchétchénie. Azamat, vingtaine d’années, victime du régime de Ramzan Kadyrov, qui s’est confié au journaliste Hugo Clément du « Quotidien » de TMC, corroborant ainsi les précédentes révélations de « Novaïa Gazeta ».

Il explique avoir été arrêté par les autorités tchétchènes, qui ont retrouvé son numéro dans le carnet d’adresses d’une autre de ses connaissances. « On faisait partie de la même communauté homosexuelle. C’est la pratique habituelle des services spéciaux : dénicher les gays à partir des carnets d’adresses. J’ai bien compris qu’il était inutile de me cacher quand la police m’a convoqué à proximité d’une mosquée. »

Si ce n’est qu’il sera conduit vers une forteresse militaire plutôt qu’un commissariat. Mais pendant toute l’interrogatoire, il va s’évertuer à laisser croire aux enquêteurs qu’il pense avoir été interpellé pour des raisons liées au « terrorisme ».

« J’ai tout fait pour dévier la conversation dans cette direction », dit-il. Autrement, « si tu es accusé d’homosexualité, ce n’est pas seulement toi qui est responsable mais toute ta famille ». En djihadiste, il bénéficiait au moins de leur soutien.

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Il n’aura pas non plus eu à subir de coups. « Ils battent et torturent ceux qui sont pris en flagrant délit, en plein acte sexuel ou avec des photos intimes sur leur téléphone. Je n’avais rien de tout ça. J’ai toujours été discret, évitant les contacts imprudents… »

Mais dans certains appartements de Grozny, « les propriétaires installent préalablement des caméras et micros. Pas seulement pour les homosexuels mais dénoncer également les hétéros qui ont des relations sexuelles hors mariage. C’est comme ça que des gars se sont fait prendre. Dès qu’ils étaient nus ou en plein rapport avec leur compagnon, les policiers cassaient les portes et entraient. » 

Il n’a plus de nouvelle de ses amis. « Certains avaient sans doute des comportements trop ostentatoires pour la Tchétchénie. Je savais qu’ils étaient gays et où ils travaillaient. Et je sais aussi qu’ils ont été tués », parce qu’ils ont disparu du jour au lendemain.

Et s’il était resté dans son pays ? On l’aurait probablement « enterré sous deux mètres de terre. » C’est pour ces mêmes raisons qu’il souhaite encore aujourd’hui préserver son anonymat : « Ils humilieront aussi ma mère s’ils apprennent que je suis en France ou parle à des médias étrangers. C’est considéré comme couvrir mon peuple d’une honte qui s’abattra non seulement sur moi mais aussi sur mes proches, où qu’ils soient. » Il ne leur a d’ailleurs rien dévoilé en partant.

Ce lundi, tandis que le Président Macron affirmait avoir reçu la promesse de son homologue russe « pour que toute vérité soit faite », Ramzan Kadyrov s’indignait dans un communiqué de l’importance accordée à ces médias russes, régulièrement accusés pourtant de calomnie et fausses informations. Il invite donc le Chef d’état Français et la chancelière allemande Angela Merkel à se rendre directement en Tchétchénie afin d’apprécier sur le terrain la situation. Il promet de leur ouvrir toutes les portes. L’occasion est à saisir.

Terrence Katchadourian
stophomophobie.com