Maroc Manifestations hostiles contre l’écrivain homosexuel Abdallah Taïa à El-Jadida

Le 18 mai dernier, alors qu’était organisée à la Faculté des Lettres d’El Jadida une journée d’étude autour des textes de l’écrivain marocain de langue française Abdallah Taïa, une manifestation de jeunes islamistes a pris corps puis déferlé dans les couloirs de la Faculté.

À l’origine du grief des manifestants, l’homosexualité de l’écrivain qu’il avait rendue publique en 2009 en publiant une lettre ouverte intitulée « l’homosexualité expliquée à ma mère » dans le magazine Telquel.

Tout en subtilité, les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « L’université est pour les étudiants et non pour les homosexuels », « c’est une honte de voir l’université ainsi en train de mourir », « Comment peut-il prêcher la liberté, la noblesse et la droiture alors qu’il est lui-même sujet à une déviance sexuelle des plus basses et des plus ignobles ? », Nous devons défendre notre identité, nos enfants et notre religion ».

La Tunisie fait son coming-out homophobe

Etre homosexuel en Tunisie n’a jamais été simple. Mais depuis la révolution, on assiste à un regain d’homophobie qui oblige les gays à vivre leur sexualité en quasi-clandestinité. Témoignages.

« Pédés », « monstres », « créatures de satan »… Des insultes de ce genre, les gays tunisiens ne les comptent plus. Depuis la révolution, les islamistes usent de discours homophobes pour attaquer leurs adversaires et tenter de les décrédibiliser. Et l’opposition emploie désormais cette même arme. Les homosexuels en sont les premières victimes. Les rapports amoureux et sexuels entre partenaires du même sexe ont toujours été considérés en Tunisie comme mauvais et malsains. C’est un des plus grands tabous sociaux. Depuis l’an dernier, la situation a empiré. « Sous Ben Ali, on était invisibles mais tolérés. Depuis la chute de la dictature, les islamistes nous montrent du doigt pour faire peur. Les agressions, surtout verbales, sont de plus en plus fréquentes », raconte Farid*, un Tunisois de 38 ans.