Obstination et orgueil : quand les antis veulent donner une suite au mouvement contre le « mariage pour tous »

La question taraude un grand nombre de personnes investies dans les dernières manifestations : comment agir, maintenant que le « mariage pour tous » est entré en vigueur ? Comment ne pas laisser retomber l’élan et avoir prise sur les prochains débats ? C’est dans ce cadre qu’une rencontre est organisée, lundi 18 juin, à la Maison des associations de Caen, à 20 heures, prélude à un « tour de France » dans d’autres villes à partir du mois de septembre.

L’idée est venue de plusieurs personnalités impliquées contre la loi Taubira : Antoine Renard, président des Associations familiales catholiques (AFC), Philippe de Roux, fondateur du mouvement de gauche chrétien « les Poissons roses », et Franck Meyer, président du Collectif des maires pour l’enfance.

 « Le mouvement contre le “mariage pour tous” a mobilisé une énergie énorme, une réelle créativité et s’est inscrit dans le paysage politique, estime Philippe de Roux. Il faut désormais en décrypter le message profond mais aussi aider les gens à s’engager et à agir concrètement dans les mois qui viennent. »

Ne pas laisser sur un goût d’échec

Ce « tour de France » se place d’abord sur le terrain politique. Il s’agit de ne pas laisser aux manifestants un goût d’échec, risquant de les pousser vers les extrêmes. Et montrer que, par-delà les clivages partisans, il est possible de se retrouver autour d’une certaine idée de l’homme et de la société.

 « À droite, comme à gauche, beaucoup de gens refusent de céder à une logique ultralibérale, tant du point de vue économique que sociétal, et veulent résister au rouleau compresseur de l’individualisme. La “manif pour tous”, c’est un premier grain de sable dans ce rouleau compresseur », poursuit le fondateur des Poissons roses.

Convaincu que les repères politiques habituels ont été bouleversés, il parie sur l’engagement des citoyens. « Il y a plein de manières d’agir, insiste Philippe de Roux. En votant, en prenant sa carte dans un parti ou en adhérant dans des mouvements comme le nôtre, en se présentant aux élections, en participant aux États généraux sur les thèmes de bioéthique, etc. »

« Poursuivre l’éveil des consciences »

De son côté, Antoine Renard, des Associations familiales catholiques, estime que « l’écologie humaine – et donc le respect de piliers anthropologiques comme, par exemple, l’altérité sexuelle dans la filiation – doit trouver une expression politique. » Sans engager officiellement son mouvement dans cette initiative, il est bien décidé à « poursuivre l’éveil des consciences », alors que d’autres sujets majeurs se profilent, notamment la loi sur la fin de vie, sur la recherche sur l’embryon, ou sur la procréation médicalement assistée.

Il n’est pas sûr que la démarche soit du goût de tous. À l’origine de l’opposition à la loi Taubira dans la rue, Frigide Barjot entend incarner avec l’association Familles de France un autre mouvement, appelé « L’avenir pour tous ». Quant à la présidente de « La manif pour tous », Ludovine de la Rochère, elle se mobilise de son côté, avec ses troupes, contre un éventuel enseignement des théories du genre à l’école .

MARINE LAMOUREUX remixé par T.G.