Mariage gay : la manif des opposants s’organise

À J-10, le collectif La Manif pour tous veut éviter toute récupération et craint des « provocateurs infiltrés ».

«Les Français parlent au François.» À dix jours de la mobilisation nationale contre le projet de loi relatif au mariage homosexuel, le collectif La Manif pour tous a présenté ses vœux pour demander à François Hollande «de ne pas remettre en cause la filiation humaine» et inviter les Français à rejoindre leurs rangs pour leur grand rassemblement de janvier. «Le sperme, ça ne s’achète pas, et les ventres ne sont pas à louer», interpelle la parodiste catholique Frigide Barjot, médiatique porte-parole du collectif, qui voit dans ce rendez-vous de la rue une «première grande étape» et promet une mobilisation ininterrompue en 2013.

Le 13 janvier prochain, à 13 heures, trois cortèges d’opposants au texte s’élanceront à Paris, porte d’Italie, dans le XIIIe arrondissement, porte Maillot dans le XVIIe arrondissement, et place Denfert-Rochereau dans le XIVe arrondissement. Les trois colonnes, colorées de bleu, de blanc ou de rose, convergeront en fin d’après-midi au Champ-de-Mars. «En concertation avec la préfecture de police de Paris, le parcours a été triplé, pour répondre à l’affluence et accueillir au mieux les manifestants venus de région parisienne et de province», expliquent les porte-parole de La Manif pour tous. Prudents, ils se gardent cependant de quantifier la mobilisation.

Seule référence des organisateurs, le chiffre des quelque 350.000 manifestants «d’une majorité silencieuse», obtenu par le collectif en additionnant les opposants venus battre le pavé les 17 novembre, 8 et 9 décembre dernier. «Même dans les villages, j’ai vu des réunions de 200 à 300 personnes pour parler de ce texte», souligne, confiante, Béatrice Bourges, porte-parole du collectif pour l’enfant et coorganisatrice.

Afin de faciliter la participation, le collectif a mis en ligne une carte interactive pour trouver un moyen de locomotion (car, train, covoiturage) vers la capitale, un couchage et même du baby-sitting pour parents militants. «600 cars sont déjà recensés, et les cinq trains supplémentaires spécialement affrétés pour l’occasion sont déjà presque remplis», note Tugdual Derville, d’Alliance VITA, coordinateur de la mobilisation dans les régions.

Le pari de La Manif pour tous est aussi celui de la sécurité, de l’unité et de la bonne humeur. Afin de veiller à son bon déroulement, le collectif recrute 12.000 jeunes volontaires. Il espère notamment tenir à distance l’institut Civitas, lié à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, qui donne rendez-vous près du Luxembourg, «sans autorisation préfectorale», insiste le collectif. Les opposants au texte redoutent aussi la présence d’infiltrés dans leurs rangs, de «faux militants qui viendraient scander des slogans homophobes comme “PD au bûcher”» pour discréditer l’événement, avance Frigide Barjot. Mercredi, l’humoriste engagée a dénoncé un appel en ce sens d’un journaliste sur Twitter.

Quant à la perspective d’une contre-manifestation LGBT, les organisateurs de La Manif pour tous disent ne pas s’en soucier. Ils demandent simplement à ce que tout autre rassemblement ait lieu «au nord de la Seine» pour des raisons de maintien de l’ordre. «À nous de ne pas céder à la sur­enchère, de faire en sorte que la manifestation soit pacifique, que tous puissent s’y retrouver, notamment ceux qui n’ont jamais manifesté auparavant», souligne Tugdual Derville.

Pour l’aider à préserver l’esprit bon enfant des manifestations précédentes, le collectif bénéficie d’un soutien de poids en la personne du général Bruno Dary, ancien gouverneur militaire de Paris. Ce technicien de la gestion de l’ordre, organisateur pendant cinq ans du défilé du 14 Juillet, travaille notamment à l’harmonisation, à la coordination des flux des trois cortèges et à la formation des jeunes volontaires. «La récupération de la manifestation et sa pollution par de faux manifestants sont les deux principaux risques à éviter», résume le général, qui s’est décidé à rejoindre le collectif «pour défendre les plus faibles, les enfants» et ne pas «déstabiliser la famille».

source:lefigaro.fr