Manif pour tous : pas de sanction contre les policiers accusés de chantage à la naturalisation contre une Russe

Les policiers qui se seraient livrés à un chantage à la naturalisation sur une jeune Russe, si elle refusait de donner des renseignements sur les participants aux manifestations contre le mariage homosexuel, écoperont seulement d’un “rappel aux règles” associé à une “formation”, a annoncé mardi Le Figaro qui avait révélé cette affaire.

“Ce n’est pas une sanction parce qu’il n’y avait pas matière à les sanctionner”, a précisé le porte parole du ministère de l’Intérieur cité par Le Figaro. “ils ont peut-être été un peu trop incisifs, mais l’enquête n’a pas fait apparaître de menace caractérisée à l’encontre de cette jeune femme”, a-t-il ajouté.

“Pas très sérieux”

Le SDIG (sous direction de l’information générale, ex RG) “a fait son boulot”, souligne le ministère toujours cité par le quotidien d’opposition. “La recherche de renseignements, surtout dans une période tendue, à l’heure où les manifestations étaient émaillées d’incidents graves, se justifie pleinement”, a-t-il ajouté.

Pour Me Henri de Beauregard, le conseil d’Anna, “c’est pas très sérieux”. “On aurait pu suggérer une mise au coin pendant une minute aussi!”, raille-t-il. “Soit un fonctionnaire a commis une faute et cela justifiait davantage, soit personne n’en a pas commis et, dans ce cas, pourquoi faire un “rappel aux règles”, s’est-il étonné.

En mars, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait saisi l’Inspection générale de la police nationale au sujet d’un chantage possible à la naturalisation d’une jeune fille russe par les services de police de Viroflay (Yvelines). Anna, 18 ans, s’était vu menacée par les policiers de recevoir “un avis défavorable” à sa demande de naturalisation, déposée à la préfecture le 6 août 2013, si elle refusait de donner les noms des personnes qui manifestaient avec elle contre le mariage homosexuel.

Fillon écrit une lettre ouverte à Valls

François Fillon, ancien Premier ministre, a écrit lundi une lettre ouverte à Manuel Valls au sujet de cette affaire, en menaçant de saisir le défenseur des droits en l’absence de “transparence”.

“Faute de la communication des résultats de l’enquête, je saisirai le défenseur des droits en charge de veiller au respect de la déontologie par les personnes exerçant des activités de sécurité sur le territoire de la République, conformément au rôle que lui confère l’article 71-1 de la Constitution”, écrit François Fillon. Selon lui, “de tels abus appellent une condamnation d’autant plus forte que ces faits sont susceptibles de recevoir une qualification délictuelle”.

AFP