L’industrie culturelle britannique se mobilise contre la transphobie d’État

Plus de 400 professionnels britanniques du cinéma et de la télévision, dont Bella Ramsey (The Last of Us), Nicola Coughlan (Bridgerton), Harris Dickinson (Babygirl) ou encore le réalisateur Paapa Essiedu, ont signé une lettre ouverte dénonçant une récente décision de la Cour suprême limitant les droits des personnes trans, non-binaires et intersexes, jugée discriminatoire et dangereuse.

Cette décision, rendue le 16 avril, affirme que, dans le cadre de l’Equality Act (loi sur l’égalité), le mot « femme » doit être compris exclusivement au sens biologique. Selon cette interprétation, le concept de sexe est donc « binaire » : une personne est soit un homme, soit une femme. Cette position, saluée par des figures conservatrices comme l’autrice J.K. Rowling, suscite néanmoins de vives critiques.

Dans leur lettre, les signataires expriment d’ailleurs leur solidarité avec les personnes trans, non-binaires et intersexes, qu’ils estiment mises en danger par cette décision et les directives qui l’accompagnent. Celles-ci permettent désormais, dans de nombreux établissements publics comme les hôpitaux, restaurants ou lieux culturels, d’exclure les personnes trans des espaces non mixtes, comme les toilettes ou vestiaires correspondant à leur genre vécu.

« Cette décision nie la réalité vécue des personnes trans et renforce leur exposition à la stigmatisation, à l’humiliation et à l’exclusion », peut-on lire dans la lettre, initiée par le producteur Sid Strickland (Motive Pictures) et le script-éditeur Jack Casey. Les signataires appellent les grandes institutions culturelles du pays — notamment la BBC, Channel 4, le BFI, BAFTA ou encore les syndicats professionnels — à prendre publiquement position et à garantir un environnement de travail inclusif et respectueux pour tou·te·s les professionnel·le·s, y compris les personnes transgenres.

Dans un contexte où le Royaume-Uni connaît un durcissement de certaines politiques à l’égard des minorités de genre, les auteurs de la lettre rappellent que l’industrie audiovisuelle a déjà joué un rôle central dans des mouvements sociaux récents, comme #MeToo ou Black Lives Matter. « Le cinéma et la télévision sont des outils puissants pour créer de l’empathie et changer les mentalités. C’est aujourd’hui l’occasion d’être du bon côté de l’histoire », concluent-ils.