Lors d’un service de prière à la Cathédrale nationale de Washington, le mardi 21 janvier, Mariann Edgar Budde, 65 ans, évêque épiscopalienne de Washington, a interpellé directement Donald Trump, récemment investi pour un second mandat, l’exhortant à la « compassion ». Dans un discours engagé, elle a plaidé en faveur des droits des minorités et de la dignité des migrants.
« Au nom de notre Dieu, je vous demande d’avoir de la miséricorde », a déclaré Mariann Budde, s’adressant au président, au vice-président J.D. Vance, et à leurs familles, installés au premier rang.
Un sermon sous tension
L’évêque a exprimé ses préoccupations concernant les jeunes LGBT+, face aux politiques récemment annoncées : « Il y a des enfants gays, lesbiennes et transgenres, issus de familles démocrates, républicaines ou indépendantes, qui craignent aujourd’hui pour leur vie », a-t-elle affirmé avec gravité.
« Permettez-moi de formuler un dernier vœu, Monsieur le Président. Des millions ont placé leur confiance en vous. Et comme vous l’avez dit hier à la nation, vous avez ressenti la main providentielle d’un Dieu aimant. Au nom de ce Dieu, je vous demande de faire preuve de miséricorde envers les personnes dans notre pays qui vivent aujourd’hui dans la peur.
Il y a des enfants gays, lesbiennes et transgenres dans des familles démocrates, républicaines et indépendantes, dont certains craignent pour leur vie. Et ces personnes qui récoltent nos fruits, nettoient nos bureaux, travaillent dans les fermes avicoles et les usines de conditionnement de viande ou qui font la vaisselle après nos repas dans les restaurants et assurent les gardes de nuit dans les hôpitaux, ne sont peut-être pas citoyens ou ne disposent pas des bons papiers, mais la grande majorité des immigrés ne sont pas des criminels. Ils paient des impôts, sont de bons voisins, et des membres fidèles de nos églises, mosquées, synagogues, gurdwaras et temples.
Je vous demande d’avoir de la miséricorde, Monsieur le Président, pour ceux dont les enfants craignent que leurs parents ne soient expulsés. Et d’aider ceux qui fuient les zones de guerre et les persécutions dans leur pays à trouver ici compassion et accueil. Notre Dieu nous enseigne à être miséricordieux envers l’étranger, car nous avons tous été des étrangers dans ce pays.
Que Dieu nous donne la force et le courage d’honorer la dignité de chaque être humain, de dire la vérité avec amour et de marcher humblement ensemble et avec notre Dieu. Pour le bien de tous, dans cette nation et dans le monde. Amen. »
Malgré la sobriété de l’événement, Trump, peu enclin à infléchir sa position, a exprimé sa déception, affirmant que le service aurait pu être « bien meilleur ». Sur sa plateforme Truth Social, il a encore qualifié l’évêque de « méchante », de « radicale de gauche », lui réclamant des excuses.
Une critique des décrets présidentiels
Le sermon intervient au lendemain de la signature de plusieurs décrets controversés, dont une mesure restreignant la reconnaissance du genre aux sexes biologiques. Mariann Budde a également mis en avant la contribution essentielle des migrants à la société américaine, soulignant : « La grande majorité d’entre eux ne sont pas des criminels. Ils paient des impôts et sont de bons voisins. »
Une figure récurrente de l’opposition morale
Mariann Budde avait déjà condamné en 2020 l’utilisation par le président Trump d’une Bible pour une séance photo devant une église de Washington, après l’évacuation violente de manifestants pacifiques. « Tout ce qu’il a dit et fait vise à enflammer la violence. Nous avons besoin de leadership moral, et il fait tout pour nous diviser », avait-elle alors insisté.
Le sermon de mardi a suscité des réactions enflammées. Le représentant républicain Mike Collins a publié un extrait vidéo de l’intervention sur les réseaux sociaux, accompagné de ce commentaire ironique : « Cette personne devrait être ajoutée à la liste de déportation. »
—
Voir cette publication sur Instagram