Les homos sortent du vestiaire ! La fin du tabou de l’homosexualité dans le sport ?

La lutte contre les discriminations est symbolique des nouveaux enjeux du sport. Des clubs, le Ministère, des fédérations s’entendent pour que le sport soit un lieu de respect et d’épanouissement pour toutes et tous. Pour autant, dans cet élan vertueux, les personnes homosexuelles restent souvent déconsidéré.e.s. Pire, le sport est souvent décrit comme un des derniers bastions de l’homophobie.

L’heure est à l’état des lieux, et à l’analyse des liens entre le sport et l’homophobie.

La situation est-elle identique entre les athlètes gays et les sportives lesbiennes ? Est-ce qu’il y a vraiment, comme dans la société, une plus grande acceptation de l’homosexualité ? Pourquoi ça coince encore et quelles sont les initiatives à l’œuvre qui pourrait inspirer d’autres domaines… Est-ce enfin l’heure d’ouvrir les portes des placards des vestiaires ?

Avant-propos

Yoann Lemaire, footballeur, membre du FC Chooz pendant 14 ans, fait part, en 2005, de son homosexualité à son club. Très vite accepté par ses coéquipiers mais constamment moqué lors des rencontres avec des équipes adverses, Yoann décide de rendre publique son histoire avec son livre : « Je suis le seul footballeur homo – enfin j’étais » (Lemaire, 2009). S’en suivront de nombreuses sollicitations médiatiques, jusqu’au jour où Yoann va être pris à partie pour son homosexualité sous les yeux d’une caméra de France 3, en mai 2009. Las le joueur décide de prendre une année sabbatique. À l’été 2010, désireux de reprendre sa place dans l’équipe, il apprend par un communiqué signé de son président, Frédéric Coquet, son éviction définitive. Le communiqué précise que « les raisons invoquées s’inscrivent dans un souci de protéger les deux parties. En effet, il nous semble important, compte tenu de la passion encore sensible depuis les événements de mai 2009 et la médiatisation qui en a résulté, d’éviter de nouveaux incidents ». En quelques jours, la nouvelle se répand, et l’AFP résume en ouverture de la dépêche consacrée à ce sujet : « Yoann Lemaire, joueur du club de football ardennais de Chooz (DHR) depuis 14 ans, s’est vu refuser sa licence 2010-2011 en raison de son homosexualité ».

homosexualite dans le sportLe dimanche 4 octobre 2009, une équipe de football d’obédience musulmane, Créteil Bébel, refuse de rencontrer le Paris Foot Gay (PFG), association qui lutte depuis 2003 contre l’homophobie dans le milieu sportif et dans celui du football en particulier. La justification tient en quelques lignes adressées par mail : « Désolé, mais par rapport au nom de votre équipe et conformément aux principes de notre équipe, qui est une équipe de musulmans pratiquants, nous ne pouvons jouer contre vous, nos convictions sont de loin plus importantes qu’un simple match de foot, encore une fois excusez-nous de vous avoir prévenus si tard. » Par l’intermédiaire de Pascal Brethes alors président du PFG et Brahim Naït-Balk (2010) entraîneur de l’équipe première, le refus de jouer est largement débattu dans les médias mais sans succès.
Ces deux affaires sont le point de départ du travail que j’ai mené en thèse. Parallèlement, j’ai eu l’opportunité de coordonner différents travaux pour le Ministère des Sports, la DRJSCS Aquitaine et la FIFA (via la bourse de recherche Joao Havelange en lien avec le Centre International d’Études du Sport). La thématique de l’homosexualité dans le sport est symbolique des nouveaux enjeux du sport. Mais ces évènements homophobes sont-ils marginaux ou sont-ils récurrents? De façon générale, le sport est-il un contexte « spécifique », où pourrait se créer et s’entretenir une forme de rejet des homosexuels ?
Ce livre se propose de répondre à ces questions générales. Il reprend l’ensemble des principaux résultats obtenus dans les différentes enquêtes nationales que j’ai menées et dans mon travail de thèse. Il s’appuie également sur une revue de la littérature scientifique récente et internationale. Le panorama qui est ainsi proposé est, je l’espère, des plus complets.

L’auteur :

Anthony Mette est docteur en psychologie, spécialisé en psychologie du sport. Il intervient depuis plusieurs années à la Clinique du sport de Bordeaux-Mérignac. En complément de cette activité clinique, il est chercheur associé à l’Université de Bordeaux. À ce titre, il a coordonné plusieurs travaux sur la thématique des discriminations et de l’homophobie dans le sport.

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