« Marche des fiertés » : L’Assemblée nationale « pavoisée » pour la première fois aux couleurs « arc-en-ciel »

« La Représentation nationale s’engage contre les discriminations et l’homophobie », a indiqué, ce jeudi, François de Rugy, président de l’Hémicycle, en annonçant également sur LCP son souhait de voir l’Assemblée arborer les couleurs de nos fiertés, comme d’ailleurs d’autres bâtiments officiels, à l’occasion de la « Marche » qui se déroulera samedi 30 juin à Paris.

« C’est un combat qui est souvent passé par l’Assemblée nationale, qui a parfois été d’ailleurs assez agité… Mais aujourd’hui on voit que ce sont plutôt des sujets qui rassemblent et on se dit d’ailleurs que les débats agités paraissent un peu surréalistes », a-t-il rappelé.

Le pavoisement « symbolise l’engagement de la représentation nationale dans la lutte contre toutes les discriminations », dans un contexte où les actes anti-LGBT non seulement persistent mais augmentent en France.

Selon une étude de l’IFOP pour l’Observatoire LGBT+, nouvel organe thématique de la fondation Jean-Jaurès, et la Dilcrah, au total, 53 % des LGBT ont fait l’objet d’une forme d’agression à caractère homophobe au cours de leur vie.

Les formes verbales sont les plus répandues, notent les auteurs de l’étude, présentée ce mercredi 27 juin, au secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes. Plus d’un quart (28 %) des LGBT (et jusqu’à 49 % chez les homosexuel·le·s) ont déjà fait l’objet d’insultes ou d’injures en rapport avec leur orientation sexuelle ou genre, dont 7 % au cours des douze derniers mois.

Un quart des LGBT (24 %) ont déjà été agressés sexuellement et plus d’un sur six (17 %) ont fait l’objet d’actes de violences physiques, dont 39 % des homosexuel·le·s résidant dans des banlieues « populaires ».

Aux violences verbales et physiques, s’ajoutent les menaces : 18 % des LGBT ont fait l’objet de menaces « d’outing » (révélation au public), cette proportion montant à 24 % chez les homosexuel·le·s et autour d’un tiers chez les homosexuel·le·s des banlieues dites « populaires » (34 %) ou perçu·e·s comme racisé·e·s (32 %).

Les auteurs de l’étude notent que « faire gay » constitue un « facteur aggravant en matière d’agressions : l’apparence physique constitue un des principaux facteurs venant accroître les risques d’exposition à des agressions. La transgression des normes esthétiques en vigueur les exposait plus à des risques de “rappel à l’ordre” dans leur vie quotidienne ».

Ils relèvent encore que les « LGBT appartenant aux minorités religieuses, ethniques ou culturelles tendent à souffrir d’une double discrimination, portant à la fois sur leur identité sexuelle ou de genre et leur appartenance à une communauté ethnique ou culturelle ».

L’étude repose sur un questionnaire mis en ligne du 23 mai au 6 juin. Elle a été menée auprès de 994 personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres, à partir d’un échantillon national représentatif de 12 137 Français selon la méthode des quotas.

Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes reconnaît un « retard » français dans la collecte de données. « Je trouve cela vraiment important qu’on puisse avoir des données précises qui nous permettent de sortir des clichés et représentations qu’on puisse avoir, qui sont forcément biaisées », a-t-elle affirmé, estimant « qu’analyser permet d’apporter des solutions ».

STOP homophobie a enregistré plus de 3000 sollicitations pour LGBTphobie depuis le début de l’année 2018 et accompagne actuellement 47 victimes.