L’ambassadeur de #Russie en #France embellit #Sotchi : “Les homosexuels ne sont pas discriminés…”

Invité de la matinale de France Inter mercredi 5 février, l’ambassadeur de Russie en France, Alexandre Orlov, a défendu les Jeux olympiques de Sotchi que Vladimir Poutine a imaginés comme vitrine de la politique de restauration de la puissance nationale.

M. Orlov s’est justifié sur les droits des homosexuels en Russie et a nié les dégâts écologiques.

  • La Russie et le droit des homosexuels

Ce qu’il a dit : “Les homosexuels ne sont pas discriminés en Russie.”

Pourquoi c’est de mauvaise foi : Les violences à l’égard des homosexuels ont augmenté depuis que le président russe Vladimir Poutine a signé, en juin, une loi qui punit tout acte de “propagande de relations sexuelles non traditionnelles” devant des mineurs.

Inscrit dans un ensemble de textes répressifs adoptés par la Douma, cette loi a suscité une vague de protestations et a déclenché les appels au boycott des JO de Sotchi. Mais, pour l’ambassadeur, accuser la Russie d’homophobie, c’est faire un “faux procès” au pays.

“Pour moi, cette loi qui interdit la pédophilie et la propagande auprès des mineurs est une bonne loi. Et je vous assure qu’on peut s’embrasser dans la rue. J’invite d’ailleurs tous ceux qui veulent le faire à venir à Moscou, a insisté M. Orlov.

En juillet, quatre Néerlandais venus tourner un film sur les droits de l’homme ont été reconnus coupables de “propagande homosexuelle” et ont été condamnés à verser chacun une amende de 3 000 roubles (63 euros) assortie d’une interdiction de territoire. Les militants des droits de l’homme craignent surtout qu’une fois la compétition terminée la sévérité du droit russe à l’encontre des homosexuels soit encore accentuée.

  • Boycott des dirigeants internationaux

Ce qu’il a dit : “Aucun président français n’assiste aux cérémonies d’ouverture des JO d’hiver.”

Pourquoi c’est exact : Il est vrai que les Jeux olympiques d’hiver ne suscitent pas le même intérêt que ceux d’été. En 2010, Nicolas Sarkozy, évoquant un “agenda trop chargé” ne s’était pas rendu à Vancouver. Le dernier président français à avoir assisté à une cérémonie d’ouverture était François Mitterrand. C’était en 1992 pour les JO d’Albertville.

Les principaux dirigeants occidentaux ont annoncé qu’ils ne seraient pas présents à la cérémonie d’ouverture des JO de Sotchi. Certains, comme la commissaire européenne Viviane Reding, ont clairement dit qu’ils allaient la boycotter en raison du sort réservé aux minorités en Russie. D’autres, comme les présidents français et allemand, n’ont pas donné de dimension politique à leur absence.

Pour l’ambassadeur de Russie, l’absence de François Hollande n’est pas significative. “Les Jeux olympiques c’est un événement sportif. C’est une compète entre les athlètes, pas entre les hommes politiques, a-t-il défendu.

Alexandre Orlov préfère se féliciter du nombre de chefs d’Etat qui devraient être présents à la cérémonie d’ouverture.

Ce qu’il a dit : “Il y aura quarante chefs d’Etat à Sotchi. Il n’y en a jamais eu autant lors d’une cérémonie d’ouverture.”

Pourquoi ça n’a pas d’importance : Selon l’historien du sport et professeur à Sciences Po Paris Patrick Clastres, il est possible que l’ambassadeur de Russie dise vrai. Mais ce chiffre n’a au final pas grande importance, estime-t-il. Vu le nombre de républiques d’Asie centrale encore sous la coupe russe, ce chiffre sera vite atteint. C’est la liste des chefs d’Etat présents qu’il faudra regarder avec attention “Il y aura sûrement tout un tas de petits Etats d’Asie centrale, dont certains ne présentent même pas de concurrent.”

D’après lui, cela reflète les limites de l’influence russe : “La cérémonie est un miroir qui permet de mesurer à un instant T l’étendue de l’influence d’un pays. Aujourd’hui, celle de la Russie va de la mer noire au Pacifique. Et ceux qui choisissent d’être absents comme la France envoient un signe diplomatique à Vladimir Poutine.”

  • Sotchi et l’environnement

Ce qu’il a dit : “Tout ce qui a été fait à Sotchi a été fait sous contrôle et respecte des normes internationales, y compris écologiques. Nous avons mis en place des méthodes dites ‘de construction verte’ pour bâtir les infrastructures.”
Pourquoi c’est faux : Pour les écologistes, les JO les plus chers de l’histoire (37,5 milliards d’euros), ont aussi battu le record du désastre écologique. Dans cette région qui bénéficie d’un climat méditerranéen, les températures descendent rarement en dessous de zéro. Et transformer la station balnéaire de Sotchi en site olympique a nécessité des travaux considérables. Cette partie du littoral de la mer Noire a été transformée – “balafrée” disent les détracteurs. Une autoroute de 48 kilomètres ainsi qu’une voie de chemin de fer ont été construites pour relier l’aéroport au complexe montagneux de Krasnaïa Poliana. Soixante-dix sept ponts la ponctuent, ainsi que 12 tunnels, creusés dans des carrières de calcaire.

Les JO se dérouleront dans l’enceinte du parc national de Sotchi. Un espace de 2 000 kilomètres carrés qui abrite une flore et une faune très diverses, dont certaines espèces sont en voie d’extinction. Afin de permettre ces constructions dans la réserve naturelle, la loi russe sur la protection des espaces naturels a été amendée lorsque Sotchi a remporté les Jeux d’hiver.

Fustigeant la mauvaise qualité des études d’impact sur l’environnement, l’association WWF avait décidé de quitter le comité d’organisation dès 2010.


Alexandre Orlov: “Le fait que deux hommes s… par franceinter