Je m’appelle Pablo, j’ai 30 ans et deux mamans : Maria et Mimi. C’est ma famille à moi. Une famille qui semble poser des problèmes à certains.

Laissez-nous vivre et rêver ! Rendez-vous de l’éthique Pablo, 30 ans, a deux mères. Il ne s’est pas posé plus de question que cela sur ces deux femmes qui l’avaient élevé et aimé…. jusqu’à ses 28 ans, où les médias ont commencé à l’interroger sur son statut d’«enfant d’homos». Il prend la plume pour témoigner.

Je m’appelle Pablo, j’ai 30 ans et deux mamans : Maria et Mimi. Ou plutôt : j’ai une maman et une Mimi. J’ai aussi un Papa en Italie, une Jackie qui a toujours été là, ma sœur Brune, mon frère Pierrot. C’est ma famille à moi. Une famille qui semble poser des problèmes à certains.

Pourtant y avait rien de compliqué pour moi, une enfance tranquille et heureuse, entouré d’amour. Pas de question (mais pourquoi donc me serais-je posé des questions?), Mimi était là à nos côtés, elle nous racontait des histoires, nous fabriquait des chaises, nous aimait. C’était notre Mimi, et on l’aimait aussi.

Les problèmes ont commencé vers 28 ans, quand je suis devenu «enfant d’homos». « On ne naît pas femme, on le devient », disait Beauvoir, moi je suis devenu enfant d’homos quand les médias ont commencé à me poser des questions. Des questions naïves souvent, stupides parfois. «Est-ce que la sexualité de votre mère ne vous a pas influencé ?
-Heu, (on répond quoi à ça ?), je ne sais pas moi, et vous, la sexualité de votre mère..?»

Le gouvernement propose alors une loi simple, utile, importante quoi que limitée à certains égards, une loi qui rend le mariage un peu plus égalitaire et supprime une discrimination à l’égard des couples homos ; et voilà qu’une partie de la société française se lève, s’insurge, crie au scandale, au danger pour la république, au droit de l’enfant. On parle de moi, de ma famille, on dit que mes mamans sont un danger, pour moi et pour notre modèle de société.
Ma Mimi, un danger ? N’importe quoi…

Mais qui donc a peur de «repenser» la famille ? Qui donc veut qu’on arrête de penser ? Il faudrait vivre dans un igloo (merci Christiane) pour croire que toutes les familles françaises sont composées de couples hétéros avec trois enfants nés d’un mariage heureux.

Il faudrait vivre dans le même igloo pour croire que les familles qui suivent le modèle sont toutes respectueuses des enfants qui y grandissent. Combien d’enfants battus, combien de pères absents ? J’arrête, tout cela est tellement évident. Ce n’est pas le modèle qui compte, mais l’amour et le respect.

Mais alors pourquoi tant de bêtise dans ces manifestations qui crient au danger républicain ?

Par homophobie d’abord. Oui, disons-le clairement, ce qui vous dérange c’est de voir les homosexuels accéder aux mêmes droits que les autres : le droit à une vie simple et assumée, pour eux comme pour nous, leurs enfants. Lorsque vous dites «l’homosexualité des parents pose un problème aux enfants» vous cachez mal l’affirmation qui la sous-tend : «l’homosexualité pose un problème». Vos propos sont violents et blessants, pas seulement pour nous mais pour toutes les familles réelles qui ne respectent pas votre «modèle».

Je ne suis pas le premier à pointer le fait que le prétendu droit de l’enfant se transforme en devoir dans ces propos : devoir d’être dans le moule, de respecter vos normes. Car où est-il mon droit à moi d’avoir ma famille comme elle est, de l’aimer, mon droit à imaginer une famille différente, mon droit à choisir librement ma sexualité, à expérimenter ?

Alors je ne sais pas s’il faut repenser la famille, mais il serait bien utile de nous laisser vivre et rêver les familles qui nous plaisent.

Pablo Seban (DR) : les Rendez-vous de l’éthique