Haïti : Des rumeurs de mariage gay déclenchent une flambée de violence

En marge d’une manif antigay plutôt inhabituelle en Haïti, des bandes ont écumé les rues de Port-au-Prince, brutalisant au moins 47 homos.

Des dizaines d’homosexuels ont été passés à tabac en l’espace d’une semaine, du 17 au 24 juillet, en Haïti. SEROvie – un groupe actif dans la prévention du VIH auprès des personnes LGBTI a dénombré 47 agressions. «Dans la plupart des cas, des groupes allant de quatre à six hommes attaquaient des individus dans la rue, ou ils encerclaient leurs maisons ou leurs boutiques», explique un porte-parole, cité par Gay Star News. Les victimes, toujours des hommes soupçonnés d’être homosexuels, auraient été frappés «avec tout ce qui tombait sous la main des agresseurs»: bâtons, barres de fer, ou blocs de ciment. Deux marchands ambulants auraient été particulièrement sauvagement attaqués.

Manif anti-mariage gay

Cette vague d’agressions coïncidait avec la marche de la «Coalition des organisations religieuses et morales» contre le mariage gay, le 19 juillet dernier. Les leaders de plusieurs Eglises avaient lancé une rumeur selon laquelle le gouvernement s’apprêtait à légiférer sur ce thème, entraînant des milliers de personnes dans la rue, brandissant des bibles et, pour certains, appelant à la mise à mort des homosexuels. SEROvie rappelle que de telles manifestations d’homophobie sont rares dans le pays. Contrairement à beaucoup d’Etats des Caraïbes, Haïti ne criminalise plus les rapports entre personnes de même sexe. Pour autant, aucune loi ne protège les minorités sexuelles contre la discrimination et les crimes de haine. Dans ces conditions, la grande majorité des LGBT haïtiens dissimulent leur orientation.

Cible facile

D’après le porte-parole de l’association, cette flambée de violence antigay s’inscrit dans une réaction plus large contre les réformes entreprises par les autorités. «Nous avons un gouvernement qui essaie de donner l’image d’un pays ouvert au business et au touristes, explique-t-il, et certains secteurs se sentent menacés. Nous sommes, dès lors, une cible facile, et un moyen d’attaquer le gouvernement». En attendant que la situation se calme, de nombreux homosexuels ont choisi de fuir Port-au-Prince. Le ministère de la Justice a diffusé un communiqué condamnant les violences. Toutefois, la police n’aurait procédé à aucune arrestation.

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