Existe-t-il encore des « thérapies » pour rendre les homosexuels… hétéros ?

Depuis le 29 mars 2014, le mariage homosexuel est légal en Angleterre et au Pays de Galles. Contrairement à la France, une majorité des habitants de ces deux nations est favorable à ce projet de loi. Pourtant, dans un récent article du monde.fr, on apprend qu’il existe au Royaume-Uni des « thérapies de conversion » destinées à « éduquer » les personnes homosexuelles pour les rendre hétéros. 17% des psychothérapeutes avouent d’ailleurs avoir déjà aidé des patients à changer d’orientation sexuelle. Mais que sont au juste ces « thérapies de conversion » et surtout, sont-elles les seules ?

Beaucoup de théories et méthodes ont été utilisées pour tenter de changer l’orientation sexuelle : la thérapie par la parole, la psychanalyse, les traitements par œstrogènes,  les chocs électriques et même la chirurgie consistant à transplanter des testicules d’hommes hétérosexuels  dans le scrotum d’homosexuels. En psychothérapie, ce désir de changement d’orientation sexuelle daterait de 1920 avec un écrit de Freud au sujet d’une patiente lesbienne que le père voulait « guérir ». Malgré sa réticence à « traiter » la jeune femme, Freud accepta de la recevoir, mais face à l’hostilité de la patiente, il mis fin un peu plus tard à la thérapie.

Avec les travaux du physiologiste russe Pavlov, vont apparaître les méthodes de thérapie dites « aversives », popularisées notamment par le film de Stanley Kubrick « Orange Mécanique ». Ces méthodes consistaient à exposer le patient à un stimulus tout en le soumettant à une expérience physique désagréable. Ce conditionnement avait pour but de rendre le stimulus déplaisant pour le patient et donc de diminuer le comportement inadapté. Cette thérapie aurait été utilisée officiellement pour la première fois en Russie au début des années 30 en associant chez les alcooliques une prise d’alcool à un choc électrique afin de les décourager à boire. C’est en 1935 qu’on rapporte les premiers traitements des homosexuels par chocs électriques : on montrait aux patients des photos d’hommes nus en même temps que leur étaient administrés des chocs électriques. Ces derniers pouvaient parfois être remplacés par l’injection par voie intraveineuse d’une substance provoquant des vomissements.

À partir des années 60, différents travaux vont examiner l’efficacité des méthodes aversives dans différents domaines comme les toxicomanies et les perversions sexuelles dont l’homosexualité faisait encore partie à l’époque. Il est apparu que la thérapie aversive avait une efficacité très relative : les effets obtenus n’étaient que momentanés et entraînaient des effets dévastateurs et contraires à l’éthique.

Mais ce n’est qu’à partir de 1994 que l’American Psychological Association déclare cette thérapie dangereuse et inefficace. Pour le traitement de l’homosexualité, elle est d’ailleurs devenue illégale dans de nombreux pays. En réalité, le problème n’est pas la thérapie aversive en elle-même, car dans de rares cas cliniques, elle peut permettre d’améliorer véritablement la vie des patients (dans les cas graves d’automutilations par exemple). Le problème vient plutôt que certains s’acharnent encore à vouloir modifier l’orientation sexuelle, quelle que soit la méthode utilisée. D’autant plus que selon certains spécialistes, l’orientation sexuelle chez les homosexuels et les hétérosexuels serait très profondément ancrée et ne pourrait être modifiée.

Une des raisons pour lesquelles le traitement de l’homosexualité continue à persister est qu’elle était encore récemment considérée comme un trouble mental. Précisément, c’est en 1987 que l’homosexualité est définitivement supprimée du manuel de classification des maladies mentales aux Etats-Unis. En France, les psychiatres se référent quant à eux à la Classification Internationale des Maladies de l’OMS qui conserve l’homosexualité comme diagnostic jusqu’en 1992.

Il existe également des raisons culturelles et religieuses au maintien de ces traitements. C’est justement le cas au Royaume-Uni avec les « thérapies de conversion » qui sont toujours pratiquées. Les partisans de ces « thérapies » sont en effet souvent liés à des fondamentalismes religieux. Ces pratiques s’appuient sur des théories fumeuses sur les modes d’éducation des parents (une mère autoritaire et un père distant favoriseraient le développement de l’homosexualité).

Ces « thérapies de conversion » ne sont bien sûr plus recommandées par les autorités de santé de mentale qui jugent qu’une pression à se conformer peut être catastrophique pour la personne (anxiété, perte de désir sexuel, dépression, voire suicide). De plus, ces thérapies de conversion n’ont jamais prouvé leur efficacité, quoi qu’en disent certaines organisations religieuses.

Ainsi, il serait tant que l’Angleterre et le pays de Galles interdisent ces pratiques actuelles. Il semblerait justement que certains politiques y travaillent.

Source : Briki, M. (2009). Psychiatrie et homosexualité. Presses universitaires de Franche-Comté