À l’heure où tout se passe en ligne, l’image publique est devenue une ressource précieuse, parfois plus valorisée que les actions elles-mêmes. Ainsi, il n’est plus rare de voir des personnalités, après des déclarations ou comportements offensants, revenir sur leurs propos et présenter des excuses. Ce qui pourrait sembler être une prise de conscience sincère ressemble parfois davantage à une tentative de « rebranding » : une stratégie de relooking d’image souvent perçue comme opportuniste, voire hypocrite.
Qu’est-ce que le « rebranding » d’image ?
Le terme est à l’origine utilisé pour décrire le processus par lequel les entreprises adaptent leur image pour mieux correspondre aux attentes de leur époque et attirer un public plus large. Aujourd’hui, cette stratégie s’étend aussi aux personnalités publiques qui, une fois célèbres, cherchent à se défaire d’une mauvaise réputation. L’ouvrage de référence The Presentation of Self in Everyday Life d’Erving Goffman explore comment chacun, consciemment ou non, gère l’image qu’il projette aux autres. Dans le cas des figures publiques, cette gestion d’image devient cruciale, d’autant plus lorsque des actions ou propos passés ressurgissent.
Excuses sincères ou mots superficiels ?
Les recherches en psychologie montrent qu’une excuse authentique repose sur plusieurs piliers : la reconnaissance de ses torts, l’engagement à changer et des actes concrets pour en témoigner. Pourtant, il n’est pas rare que des excuses publiques apparaissent superficielles, avec des formulations vagues comme « désolé si j’ai blessé quelqu’un » plutôt qu’un réel aveu de responsabilité. Quand ces excuses semblent manquer de sincérité, elles risquent d’être perçues comme « cosmétiques », de simples outils pour apaiser le public sans réelle introspection.
L’influence des réseaux sociaux et de la « cancel culture »
Les réseaux sociaux amplifient ce phénomène. La « cancel culture », souvent critiquée pour son caractère punitif, exerce une pression intense sur les personnalités, les incitant à réagir pour éviter l’ostracisme. Dans ces cas, excuses et changements d’attitude deviennent plus une question de survie sociale qu’un véritable choix de valeurs. Cette dynamique amène à questionner la sincérité des actes posés, certains y voyant des manœuvres calculées plus qu’une véritable évolution personnelle.
Quand le rebranding manque de sincérité
Un rebranding perçu comme hypocrite peut avoir des effets contre-productifs. Le public, en particulier les jeunes générations, valorise l’authenticité et devient rapidement sceptique face aux stratégies de communication qui manquent de profondeur. En revanche, lorsque des figures publiques montrent un engagement sincère et durable, elles peuvent regagner la confiance du public et redonner du crédit à leur image.
Peut-on vraiment changer ?
Il reste important de reconnaître que chacun peut évoluer et repenser ses opinions. Les erreurs, même graves, peuvent ouvrir la voie à de réelles transformations, tant qu’elles s’accompagnent d’actes concrets et d’un engagement profond à réparer le passé. Le rebranding est donc un processus délicat : les excuses doivent être examinées avec discernement, mais il ne faudrait pas non plus rejeter systématiquement la possibilité de changement.
Dans notre société hyperconnectée, où les erreurs publiques sont rarement oubliées, la possibilité de se racheter devient de plus en plus difficile. Au-delà des mots, la sincérité s’incarne dans des actions concrètes et un engagement durable, seuls garants d’un véritable changement.