états-unis Un fast-food champ de bataille des pro et anti-gay

Chick-Fil-A, une grande chaîne de restauration rapide, est devenu l’enjeu d’une bataille politique et économique que se livrent, à coups de sandwich à la volaille, partisans et adversaires du mariage homo aux Etats-Unis.

 

C’est apparemment l’un des fast-foods favoris des Américains. Chick-Fil-A, et ses 1600 restaurants disséminés à travers le sud des Etats-Unis, incarne le bon vieux sandwich au poulet depuis 45 ans. Le fait que l’entreprise, basée à Atlanta, soit gérée par une famille baptiste très à cheval sur la religion, n’avait jusqu’à récemment pas ému grand monde. Certes, elle distribue des jouets et des CD chrétiens dans ses menus enfants, elle encourage vivement ses employés à faire des prières en commun (et tant pis pour les collaborateurs d’autres religions) et ferme le dimanche, pour leur permettre d’assister à la messe. Mais pour les libéraux américains adeptes de volaille, tout ceci ne relevait que du folklore.

 

Jusqu’à ce qu’en janvier 2011, la firme finance une conférence sur le «mariage traditionnel» (entendez contre le mariage entre personnes de même sexe) dans un institut de Pennsylvanie. Peu après, on apprenait que Chick-Fil-A versait des sommes considérables à des lobbies antigay, dont l’infâme Exodus International, un organisme qui promeut les pseudo-conversions d’homosexuels en bon pères et mères de famille chrétiens.

 

«Boycott party»

Depuis, c’est la bagarre. La compagnie est devenue aux Etats-Unis le porte-étendard de la lutte contre le mariage gay. Sa page Facebook ressemble à un champ de bataille où s’affrontent ses fans évangéliques enthousiastes et internautes LGBT. Sur Twitter, le mot-clé #ChickFilGay rassemble des recettes de sandwich au poulet à faire chez soi et les coordonnées des prochaines «boycott parties». Avec quel impact? Difficile de le dire, même si cette semaine, la compagnie a publié un communiqué qui trahit une certaine nervosité. Elle rappelle sa mission de «servir chacun avec honneur, dignité et respect – quelque soit ses croyance, sa race, ses convictions, son orientation sexuelle ou son genre» et implore de «tourner la page» de cette controverse. «Notre intention est de laisser le débat politique sur le mariage entre personnes de même sexe à la sphère du gouvernements et des partis.»

 

Vraiment? Cette déclaration est tombée au moment où plusieurs politiciens se sont emparés de l’affaire. Plus tôt dans la semaine, le maire de Boston, le démocrate Thomas Menino, avait annoncé que «Chick-Fil A n’avait pas sa place» dans sa ville: «Vous ne pouvez pas avoir une entreprise à Boston qui discrimine contre une partie de la population. Nous sommes une ville ouverte, à l’avant-garde de l’inclusion.» Précédemment, plusieurs campus universitaires avaient rejeté les demandes d’implantation du fast-food. Fâcheux pour l’entreprise qui lorgne les Etats du nord-est, la région la plus peuplée du pays, où elle est quasiment absente. Encore plus fâcheux pour les propriétaires de franchises, otages des appels au boycott lancés contre la maison mère, note le magazine économique «Forbes».

 

Des fans nommés Santorum, Gingrich, Romney…

En attendant, le président de Chick-Fil-A cherche à ménager le poulet et le chou. Lundi dernier, Dan Cathy livrait une interview à Baptist Press où il s’enorgueillissait de soutenir des organisations caritatives combattant l’«agenda homosexuel». «Nous sommes une entreprise familiale et nous sommes mariés à nos premières épouses», s’est-il vanté. Une attitude qui ravit certains républicains, qui louent cette entreprise «qui fait la preuve que l’on peut tenir bon sur ses principes chrétiens tout en faisant du bon business». D’ailleurs, les candidats à l’investiture républicaine les plus homophobes, Rick Santorum et Newt Gingrich, s’étaient fait photographier dans les fast-food. Quant à Mitt Romney, il n’avait pas hésité à désigner Chick-Fil-A comme son resto favori.

 

 

 

source:http://360.ch/blog/magazine/2012/07/un-fast-food-champ-de-bataille-des-pro-et-anti-gay/