En Suisse, des responsables évangéliques condamnés pour avoir promu des thérapies de conversion et nié le VIH

Deux responsables d’un centre religieux basé dans le canton de Vaud ont été condamnés pour avoir relayé sur les réseaux sociaux une vidéo présentant l’homosexualité comme une « déviance » et prétendant que le VIH pouvait être guéri par la prière. Le ministère public de Lausanne les a reconnus coupables de discrimination et d’incitation à la haine.

Diffusée à l’été 2024 par le Centre évangélique pour le salut, la vidéo compilait plusieurs témoignages de fidèles affirmant avoir été « libérés » de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de comportements qualifiés de « pécheurs ». Certains allaient jusqu’à affirmer avoir été guéris du VIH grâce à leur foi, renonçant par là même à tout traitement médical. L’enregistrement reprenait les méthodes controversées d’une église américaine, la Five-Fold Church, déjà dénoncée pour ses pratiques pseudo-thérapeutiques.

Pour la justice, les propos relayés portent une atteinte sérieuse à la dignité des personnes concernées. Le ministère public souligne le caractère psychologiquement et physiquement destructeur de ces discours, qui incitent des individus vulnérables à renier leur identité. De telles théories peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la santé mentale et le bien-être des personnes ciblées.

Sanctions financières

La responsable administrative du centre a écopé d’une amende de 4 800 francs suisses, soit près de 4 900 euros. Le diacre, également poursuivi, a été condamné à une peine avec sursis de 3 600 francs (environ 3 670 euros), assortie d’une amende immédiate de 900 francs, soit près de 920 euros. Tous deux devront également prendre en charge les frais de procédure, précise le site 24heures.ch.

Une récidive

Ce n’est pas la première fois que le Centre évangélique pour le salut attire l’attention. À l’été 2024, plusieurs élus lausannois avaient interpellé la municipalité à la suite d’une opération d’évangélisation dans l’espace public. À l’époque, les autorités avaient rappelé que la liberté religieuse est garantie par la Constitution. Mais cette affaire judiciaire souligne que cette liberté ne saurait couvrir des discours stigmatisants ou porter atteinte aux droits fondamentaux.

Un cadre légal renforcé

Depuis octobre 2024, le canton de Vaud interdit explicitement ces pratiques, ainsi que leur promotion.

Pour les organisations de défense des droits LGBT+, cette condamnation fait jurisprudence, rappellant que la foi ne peut en aucun cas servir de justification à des pratiques qui nient l’intégrité et l’identité des personnes.