Alors que Whasington accueille la World Pride, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth, nommé par Donald Trump après son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, a ordonné à l’US Navy de rebaptiser le navire militaire USNS Harvey Milk.
Ce pétrolier de la classe John Lewis, mis en service pour honorer des figures majeures des droits civiques, rendait hommage à Harvey Milk, premier élu ouvertement homosexuel en Californie et icône du mouvement LGBTQ+, assassiné en 1978. D’après des documents internes obtenus par Military.com, la nouvelle dénomination devrait être annoncée le 13 juin, en pleine célébration du Mois des Fiertés.
Une « culture guerrière » érigée en priorité
La décision s’inscrit dans une volonté affichée de « rétablir la culture de guerrier » au sein des forces armées. Cette rhétorique viriliste, revendiquée au plus haut niveau de l’administration, s’accompagne d’une révision de fond des hommages rendus à des personnalités liées aux luttes pour l’égalité.
Selon des sources au sein du ministère de la Défense, plusieurs navires portant les noms de figures comme Ruth Bader Ginsburg, Thurgood Marshall ou Harriet Tubman, tous associés à des avancées sociales majeures, pourraient également être renommés. La sélection de ces symboles n’a rien d’anodin.
Effacer une mémoire dérangeante
Harvey Milk, ancien officier de la marine, avait dû quitter l’institution dans les années 1950, après avoir été interrogé sur son homosexualité. Il accède à un mandat local à San Francisco en 1977, devenant l’un des premiers élus ouvertement gays de l’histoire des États-Unis. Assassiné l’année suivante, il est devenu une figure mondiale de la lutte contre les discriminations. En 2009, il recevait à titre posthume la Médaille présidentielle de la liberté.
C’est cette mémoire que l’administration Trump semble vouloir reléguer. Plusieurs associations LGBTQ+ dénoncent une offensive politique aux relents révisionnistes et appellent à manifester devant le Pentagone dans les prochains jours.
Une rupture avec l’histoire récente
La décision, bien que rare, l’US Navy rechignant traditionnellement à renommer ses navires, marque un tournant net dans la politique mémorielle du pays. Là où l’on s’efforçait, sous les administrations précédentes, d’inscrire la diversité des parcours dans le récit national, l’heure est désormais au repli identitaire, à rebours des valeurs d’inclusion portées par nombre de militaires eux-mêmes.
Dans un climat de tensions croissantes autour des droits LGBTQ+, le débaptême du Harvey Milk envoie un message sans ambiguïté. Et soulève une question : de quelle histoire l’Amérique veut-elle encore se souvenir ?