« No cake for gays » : Une loi pour autoriser les commerçants à refuser de servir les couples gays

Dépassée par la progression du mariage gay aux Etats-Unis, la droite conservatrice américaine essaye de ralentir le mouvement. Dernière initiative : une loi en Arizona qui autorise les commerçants et prestataires de services à refuser de servir les couples gays au nom de la liberté de conscience. La loi surnommée « no cake for gays » par ses détracteurs (« pas de gâteaux pour les homosexuels ») vient d’être adoptée par les parlementaires de cet Etat très conservateur du sud-ouest du pays. La gouverneure républicaine Jan Brewer a jusqu’au 28 février pour décider si elle la promulgue ou y met son veto.

L’Arizona est connu pour ses positions « pro-guns » et anti-immigrants. Cette fois, la majorité républicaine s’est émue du sort des commerçants hostiles aux mariages gays. La loi « SB 1062 » vise à les protéger s’ils refusent d’assurer des services allant à l’encontre de leur foi. Les parlementaires ont réagi à un incident intervenu dans l’Etat voisin du Nouveau-Mexique. La photographe chrétienne Elaine Huguenin, qui avait refusé de photographier la cérémonie de fiançailles de deux lesbiennes, avait été poursuivie en justice pour discrimination. Elle avait protesté que le gouvernement n’avait pas le droit de la forcer à opérer dans une cérémonie qui bafoue sa liberté religieuse. Mais la Cour suprême de l’Etat lui avait donné tort.

Les partisans de la loi SB 1062 affirment défendre la liberté de conscience, garantie par le premier amendement de la Constitution. « L’enjeu c’est : est-ce que l’Arizona est un endroit sûr pour les gens qui ont la foi ? », affirme Doug Napier, l’avocat de l’Alliance Defending Freedom, le groupe qui mène le combat contre le mariage gay. Pour les défenseurs des droits de l’homme, il s’agit de pure discrimination. « Nous n’autoriserions jamais la discrimination contre les Noirs ou les femmes au nom de motifs “religieux”. Il ne saurait en aller autrement pour les gays et lesbiennes », a réagi Kenneth Roth, le directeur de Human Rights Watch sur Twitter.

ARME DE MOBILISATION

A Phoenix, la capitale de l’Arizona, les manifestants ont pris position devant le Capitole. Des panneaux sont apparus dans les cafés. « Nous nous réservons le droit de refuser de servir les parlementaires. » Les opposants à la loi rappellent que les commerçants sont tenus de servir les clients. « Vous ne servez pas Dieu, vous servez des pizzas », a rappelé Mel Robbins, une animatrice radio favorable au mariage gay.

La chambre de commerce a pris position contre la loi, de même que le sénateur républicain John McCain. En deux ans, le mariage gay s’est banalisé aux Etats-Unis. La Cour suprême l’a avalisé en juin 2013, autorisant les couples homosexuels à partager les pensions versées par l’Etat fédéral. Le mariage reste interdit dans une trentaine d’Etats, en vertu de lois ou d’amendements constitutionnels adoptés en 2004, à une époque où les républicains en avaient fait une arme de mobilisation électorale visant à assurer la réélection de George W. Bush. Signe de l’évolution des esprits, c’est la gauche, maintenant, qui envisage de soumettre au vote l’abrogation des mesures anti-mariage gay pour motiver ses partisans en vue des élections parlementaires de novembre.

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>> As Arizona’s controversial SB 1062 lands on the desk of Republican Gov. Jan Brewer, the exclamation mark this outgoing politician will leave with her pen underscores whether she believes the bill is a distraction from core issues or a necessary step to protect religious freedom.

The Arizona bill would allow people who object to same-sex marriage to use their religious beliefs as a defense in a discrimination lawsuit. (CT recently explored evangelicals’ favorite same-sex marriage laws, noting the current range of religious exemptions).

Similar legislation has been introduced in nine other states. A bill in Kansas sparked conflict among Christians after Kirsten Powers, whose testimony was CT’s No. 1 most-read story of 2013, published a column for USA Today saying that “Christians backing this bill are essentially arguing for homosexual Jim Crow laws.” Powers ends the column by asking, “What would Jesus Do?” insisting that Jesus would bake the cake for a same-sex wedding.

Powers quoted evangelical pastor Andy Stanley as saying it’s “offensive that Christians would leverage faith to support the Kansas law.”

While the Kansas bill explicitly allows businesses and individuals to deny services to gays and lesbians, Arizona’s law is worded more broadly to apply to anything that could violate a person’s religious conscience. Joe LaRue, an attorney at the Alliance Defending Freedom, helped draft Arizona’s SB 1062.

“In America, people should be free to live and work according to their faith, and the government shouldn’t be able to tell us we can’t do that,” LaRue said.

avec lemonde.fr