Détecter les homosexuels qui se cachent derrière les touristes ou expatriés étrangers en terre arabo-musulmane

Le quotidien Kuwait Times révèle que le gouvernement koweïtien réfléchissait à la mise en place d’un test médical afin de “détecter les homosexuels” et de leur interdire l’entrée dans le pays. Ce dispositif vise à refuser aux expatriés étrangers et aux touristes homosexuels la délivrance d’un visa pour circuler dans le pays du Golfe. L’information est bien réelle et les autorités du petit émirat réfléchiraient sérieusement à la mise en place de cette démarche lorsque les touristes font leurs demandes de visas.

Or, déjà pour obtenir un visa, les demandeurs sont soumis à un examen clinique.Ce dernier serait compléter par un test mis au point au Koweit, qui pourrait être mis en vigueur dans tous les pays membres du conseil de coopération du Golfe (CCG) à savoir les Emirats Arabes Unis, le Qatar, Oman, le Bahreïn, l’Arabie Saoudite. Pour mémoire, le Qatar, organisateur de la coupe du monde de football en 2022 est membre de la CCG !

Comment les médecins pratiqueront-ils cet examen ? Le Kuwait Times répond à cette question en citant le docteur Yousuf Mendakar, membre du ministère de la Santé koweiti :

« Les homosexuels et les personnes du troisième sexe (référence aux transexuels, NDLR) peuvent être détectés grâce à des tests cliniques plus poussés pendant l’examen médical de routine lors de la demande de visa », soutient ce spécialiste qui n’explique cependant pas comment, techniquement, ce test pourrait se dérouler.

>> On évoque plusieurs pistes, toutes aussi loufoques les unes que les autres et qui iraient du dépistage du VIH à la fourniture d’un certificat médical attestant, qu’après auscultation (!) le voyageur n’est pas homosexuel. Du grand délire.

Plusieurs médecins européens, engagés dans la lutte contre l’homophobie, restent persuadés que toute cette affaire n’a été révélée que pour effrayer les éventuels homosexuels qui auraient envie d’aller se perdre au Koweït.

Cette proposition d’instituer ce test devrait être discutée dès aujourd’hui c’est-à-dire ce vendredi 11 octobre, à Oman, au Qatar, à l’occasion d’une réunion du comité central du Conseil de coopération du Golfe, concernant le travail des expatriés, explique encore le Kuwait Times.

Il faut rappeler que dans les pays du Golfe, l’homosexualité ou le travestissement sont interdits par la loi et peuvent mener en prison, voire à une condamnation à mort. Au Koweït, l’homosexualité est passible d’une peine de dix ans de prison.

Quant à la peine de mort, aujourd’hui, cinq pays l’appliquent dont l’Arabie Saoudite et l’Iran. Dans certains pays du Proche et du Moyen-Orient, les hommes soupçonnées d’homosexualité sont soumis à des “tests de virginité” humiliants, consistant en une inspection du rectum.

Voici une anecdote qui en dit long sur le statut des homosexuels en Iran. Un responsable iranien, dont le travail consiste à protéger les droits de l’Homme, a décrit en mars dernier l’homosexualité comme “une maladie qui doit être guérie”, faisant suite au préoccupations exprimées par l’ONU concernant la persécution systématique de la communauté gay, lesbienne, bisexuelle et transgenre à travers le pays, relate The Guardian. “Promouvoir l’homosexualité est illégale et nous avons des lois sévères contre elle”, avait-il ajouté.

Mais l’homosexualité en Iran est surtout “guérie” par la peine de mort : le pays, en effet, est celui qui enregistre le plus de condamnés à la peine capitale pour “délit” de sodomie, notamment puni par les articles 232 à 233 du code pénal. Si l’homme qui se livre à cette pratique n’est pas marié, il encoure alors “seulement” 100 coups de fouets, tout comme les lesbiennes.

L’Arabie saoudite est l’un des quatre pays arabes où les actes homosexuels sont non seulement illégales, mais aussi passible de la peine capitale selon l’article 264. Les homosexuels y sont ainsi décapités au sabre, affirme Act Up Paris.

Le mois dernier, le rédacteur en chef d’un hebdomadaire à sensation d’Oman a subi les foudres de son gouvernement et a été suspendu de ses fonctions après avoir publié un article traitant d’un sujet éminemment tabou “les gays du sultanat” dans lequel, il décrivait un État du Golfe bien plus tolérant à l’égard de l’orientation sexuelle de ses concitoyens que les autres royaumes limitrophes. Emoi dans les réseaux sociaux, colère des autorités, la tolérance louée par le journal a été vilipendée, l’obligeant à présenter des excuses publiques.

L’homosexualité est encore punie dans 78 pays aujourd’hui dans le monde. En France si le mariage gay est désormais autorisés (les premiers mariés gays français ont célébré leur union en juin dernier), l’homosexualité est encore un sujet tabou parmi une partie de la population.

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/un-test-homophobe-aux-frontieres-142073