Coup de foudre puis feu de paille : Les confidences de Julien, prétendant gay de l’Amour est dans le pré

Lundi dernier sur M6, dans l’émission culte L’Amour est dans le Pré, leur rencontre « fusionnelle » avait électrisé l’audimat… Premier candidat gay de l’histoire du célèbre programme, Guillaume avait, parmi ses 400 lettres de courtisans, choisi dix prétendants, qu’il devait passer en revue sur une péniche parisienne, sous l’œil avide des caméras. L’amour jeté en pâture. Loin des prés.

Mise en scène soignée. Musique romantique. Mais devant l’écran, soudain, tout le monde scotche : Guillaume vient de rencontrer Julien, 34 ans, beau bébé de 34 ans, aux yeux d’un bleu troublant. Silences gênés, regards embués, mots qui trébuchent derrière les dents, émotion brute de pomme. Là, ce n’est plus du cinéma. La séquence sera reprise en boucle dans les médias nationaux.

Hélas, la belle romance tourne court. Guillaume, candidat star de cette 10e saison, annonce qu’il quitte l’émission. M6 perd sa perle. Le bel agriculteur affirme qu’il avait en réalité trouvé l’homme de sa vie en marge de l’émission, « son bébé », avec qui il projette de se marier.

« Il n’y a rien de scénarisé »

« Ce n’est pas d’un mec dont il a besoin, c’est d’un psy », s’amuse Julien depuis une terrasse de café à Pontarlier, où il vit depuis cinq ans. Au gré des nombreux rebondissements, la dérobade du fameux Guillaume secoue les médias « people » . Les feux de l’amour, cette fois, embrasent le pré.

Trois mois ont passé depuis le tournage, diffusé il y a une semaine. Le beau gosse pontissalien, lui, affirme « ne pas avoir de regrets ». Contrairement à certaines idées reçues, Julien est clair : « Il n’y a rien de scénarisé. J’ai posé la question à la production en arrivant, on m’a dit que je pouvais dire ce que je voulais. Je suis assez direct. Après, ils font aussi ce qu’ils veulent au montage. Je me suis inscrit sur les conseils de mon entourage. Je n’avais rien à perdre, on n’a qu’une seule vie. Pour une fois, je m’intéressais à quelqu’un pour ses valeurs, pas pour son physique… »

Le Franc-Comtois, natif de Montbéliard, n’avait qu’une crainte : le rendu de sa prestation à la télé. « J’avais peur », avoue-t-il. Le gaillard a besoin d’être rassuré. Se sentir aimé, désiré. « Je l’ai fait aussi pour l’estime de soi, c’est clair. Ça fait du bien. Comme tout le monde, j’ai pris des claques dans la vie. J’ai eu des ex qui m’ont fait du mal », confie-t-il.

Même si l’aventure avait continué, Julien l’assure : « Je n’aurais pas changé ma vie. Je suis employé dans une ferme en Suisse, j’aime mon boulot. Je ne me la raconterai pas. Ma vie normale a repris, c’est très bien comme ça. » On le croit volontiers.

Bête de somme au travail, bête de soirée quand l’heure de s’amuser a sonné, Julien peut paraître difficile à cerner. « Je vis dans deux mondes différents », sourit-il, « quand je suis au milieu de mes vaches, je suis fin bien, mais j’aime aussi faire la fête et là, tu ne me verras jamais sortir en pouilleux ! »

« Je ne connais aucun agriculteur gay, s’il y en a, ils se cachent »

En couple depuis peu, l’éphémère vedette ne donnera pas suite aux quelques courriers, transmis par M6, de jeunes hommes désirant le rencontrer. Certains témoignages reçus après la diffusion de l’émission, lundi dernier, l’ont touché. D’autres l’ont agacé. « C’est aussi passé sur la TV suisse, et ce matin, j’ai une petite vieille qui m’a couru après alors que j’étais dans mon tracteur pour me dire tout le mal qu’elle pensait de Guillaume », rigole Julien, qui retient aussi « ces gens qui ne te calculent pas ou ne t’aiment pas à la base, et qui le lendemain te disent bonjour. Je trouve cette hypocrisie ridicule. »

L’Amour est dans le pré avait fait le pari de mettre en lumière l’homosexualité dans le milieu agricole. Ou en tout cas, d’utiliser cet insolite filon. Julien fait la moue. « Je ne suis pas sûr que Guillaume ait donné une bonne image des gays. »

Quant à l’homosexualité « rurale » en France… « Les autres prétendants de Guillaume n’étaient pas agriculteurs. Il y avait un coiffeur, un magistrat, un psychologue, un prof… Personnellement, je ne connais aucun agriculteur gay. S’il y en a, ils se cachent. Moi, je m’assume depuis toujours. La seule crainte que j’avais, c’était ma mère. Mais à partir du moment où elle a accepté, je m’en fous. » Selon lui, trouver l’amour en tant qu’agriculteur n’est – en soi – pas simple : « Déjà quand tu es hétéro, c’est dur car tu passes tout ton temps au boulot. »

Pour Julien, l’amour n’était ni dans le pré, ni face aux caméras. Il le trouvera sans doute ailleurs.

Willy GRAFF