Canada : Annulation d’une journée sur «le thème de la différence» à l’école

Les techniciennes en éducation spécialisé de l’école Félix-Leclerc à Saint-Constant en Montérégie conviaient les élèves à explorer le thème de la différence, le 5 février. Cette journée se voulait «avant tout humoristique et remplie d’autodérision» écrivaient-elles dans le numéro 5 de janvier Félix vous informe envoyé aux parents.

Aussitôt mis au courant, plusieurs parents ont appelé à l’école pour décrier cette initiative.

«Ils n’étaient pas à l’aise avec l’activité», explique Mylène Godin, responsable des communications à la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries.

De ceux-là, un papa a communiqué avec le Journal pour faire part de sa colère. Il s’est dit «estomaqué» par cette «dérive».

«Ma mère m’a appris qu’il n’y avait pas de sexe pour laver la vaisselle ni pour changer les pneus d’une voiture, a-t-il dit. Est-ce qu’un enfant a besoin de s’asseoir dans le fauteuil d’un enfant handicapé pour comprendre comment il se sent? C’est bientôt le mois de l’histoire des Noirs, est-ce qu’on va demander aux enfants de se peindre le visage pour comprendre le racisme?»

Quelques heures plus tard, la direction de l’école annulait cette journée thématique et avisait les parents pour courriel.

«D’autres parents qui n’étaient pas contents ont appelés à l’école pour se plaindre de l’annulation, rapporte Mme Godin. L’école s’est retrouvée avec deux positions opposées, incapable de faire de consensus.»

«L’intention n’était pas mauvaise, mais je peux comprendre qu’elle ait suscité une certaine réticence de la part des parents», a dit la psychologue Cynthia Turcotte.

Selon celle qui exerce en pratique privée auprès d’enfants, il aurait fallu que les parents soient mieux informés au préalable de l’objectif cette journée. De plus, l’humour n’aurait pas nécessairement permis d’éviter tout dérapage, croit-elle.

«Il est important pour les parents que toute activité touchant la différence ou l’intimidation soit bien encadrée et structurée parce que ce sont des questions sensibles», dit-elle.

Néanmoins, Mme Turcotte a déjà entendu parler de «journées de changements de vêtements» réussies dans les écoles. Les petites filles portent alors parfois un chapeau ou une cravate, ce qui permet d’aborder la thématique souhaitée avec moins de contraintes.

«Il existe des outils pour parler de différents sujets. Il vaut mieux souvent s’y référer plutôt que d’innover», estime la psychologue.

Par Hélène Gingras
TC Media